Journal d'une disparition par Rohagus
L'histoire vraie d'un homme (un mangaka qui plus est) qui décide de son propre chef de quitter sa vie normale d'homme marié et travailleur pour aller vivre dans la rue comme un clochard, voilà qui devrait être assez intéressant. Et pourtant je me suis plutôt ennuyé à la lecture de ce manga.
Le dessin est simple, un peu dans le style rondelet de Tezuka. Sans être très beau, il est efficace et facile à lire.
La narration aussi est plutôt bonne; Malgré quelques petites errances narratives en tout début d'album, on suit sans difficultés les aventures du quotidien ou des nuits du mangaka dans la rue.
Le récit est séparé en trois chapitres presque indépendants.
Le premier raconte la première "fugue" du narrateur et essentiellement la façon dont il vit en fouillant les poubelles et en vivant la vraie vie d'un clochard jusqu'à ce que la police et sa famille le retrouvent.
Le second raconte sa deuxième "fugue" où cette fois il choisit non plus de vivre en clochard mais de changer de vie et de travailler comme ouvrier manuel pour la compagnie du gaz.
Et le troisième n'aborde plus une fugue cette fois-ci mais une cure de désintoxication à l'alcoolisme qu'il a dû subir tant il avait sombré après avoir retrouvé sa vie normale.
D'une part, ces récits, alors qu'ils auraient dû attirer une vraie curiosité, se révèlent assez mornes. Le manga raconte les faits et les anecdotes les uns après les autres, sans jamais vraiment réussir à relever le rythme ou l'intérêt. Cet album est dense et long à lire, et on s'y ennuie finalement assez rapidement.
D'autre part, il manque l'explication principale : pourquoi le narrateur a-t-il choisi d'agir ainsi et de vivre dans la rue ? A le lire, il semble avoir de sacrés gros problèmes psychologiques à vouloir fuir ainsi en se foutant de ses proches et en choisissant volontairement de ne plus vouloir travailler. Mais on n'arrive pas pour autant à le comprendre. J'aurais même tendance à réprouver ses actes non pas parce qu'il choisit de vivre la vie comme il l'entend mais surtout parce qu'il le fait en lâche qui abandonne sa femme et ses proches.
Au final, j'ai trouvé vraiment difficile de m'attacher au personnage principal tant ses actes pourtant délibérés me semblent... pitoyables, voire m'énervent. L'auteur montre en outre un Japon détestable voire dérangeant car tout le monde semble y être complètement taré, à en être parfois dangereux.
Et puis j'ai trouvé le troisième chapitre presque incongru par rapport aux deux autres car il n'a quasiment rien à voir. Il ne s'agit plus d'une fugue dans la rue mais d'une hospitalisation forcée par sa famille puis d'une cure intensive de désintoxication alcoolique. OK, ce sujet est relativement intéressant mais je ne vois pas trop le rapport avec les disparitions précédentes de l'auteur, un peu comme si lui ou son éditeur avait finalement décidé de raconter toutes les petites aventures de sa vie et de le mettre dans un unique album pour tirer sur la corde du petit succès de ses premières aventures.
Et sans qu'on ait encore eu des explications permettant de comprendre vraiment le personnage principal, l'histoire se termine très abruptement. J'ai presque cru que l'auteur avait eu un accident pour arrêter ainsi son récit en plein milieu de quelque chose.
Bref, ce manga a quelques côtés intéressants mais il manque vraiment de ce qui rendrait son personnage attachant et qui rendrait son récit un peu moins plat, long et finalement ennuyeux voire dérangeant.