Un dessin simple mais efficace, Keeping Two évoque les petits riens qui deviennent des grands touts. De l'absence de l'autre, l'un ne peut se conforter dans un immobilisme nécessaire. L'imagination l'emporte, attise l'angoisse de se retrouver seul, là où autour de soi, chacun perd un être qui lui était proche. Et hors de question de s'échapper, tant même les tentatives de se détourner de ses pensées nous reconduit à celle initiale. Keeping Two se targue de récit dans le récit, usant de légères variations graphiques pour nous signifier où est la réalité, et où est l'imaginaire. Si subtil, que parfois, l'on s'y perd, le temps d'une vignette, l'on se laisse surprendre par un soudain événement, avant de prendre conscience, au second coup d’œil, que cela n'était que fiction, que rien de tout cela n'était réel. Confus ? Brouillon ? Loin de là car en tant que lecteur, nous finissons par nous laisser troubler par le récit comme chacun des protagonistes se laissent troubler par leur propre imagination. Par ce trouble, nous finissons par exprimer le même doute, la même angoisse à l'idée que quelque chose aurait pu arriver. Mille et une raisons qui font que Connie ne revient pas. Les plus simples, comme les plus dramatiques, au point de ne plus savoir ce qui est vrai, ou ce qui est sujet de croire.