Un potentiel gâché

Kengan Omega est la suite directe de Kengan Ashura, précédent manga du même duo d'auteurs. Si dans le manga précédant, nous suivions la progression de Ohma à travers l'association Kengan, ici nous avons le droit à un nouveau duo de protagonistes, a savoir Koga et Ryuki.

Ayant apprécié Kengan Ashura, de par ses combats assez bien orchestré et son univers de prime abord intéressant, avec ses combats clandestins et le fonctionnement de l'association, je trouvais néanmoins que l'univers aurait pu être encore plus exploré, les personnages secondaires plus développés. En débutant ma lecture de cette suite, j'ai directement accroché la présentation des deux persos principaux mentionnés plus haut. Je trouve que l'ajout de jeunes combattant, n'ayant pas encore d'expérience dans ce milieu aurait permis de pouvoir suivre leurs développements tout en mettant en parallèle leurs évolutions. Malheureusement, les deux protagonistes sont bien vite mis au second plan, afin qu'on suive les persos de l'ancienne série. Il est alors dommage de voir de nouveaux personnages avoir finalement peu de moments. Si au début du manga, nous pouvions voir leurs entraînements, leurs combats, ils ont été vite mis de coté, les personnages phare de l'ancienne série revenant sur le devant de la scène et ayant finalement plus de poids dans les intrigues. Pire encore, leurs évolutions et leurs entraînements se retrouve ellipsé et non développé, faisant que l'attachement envers ces persos en est amoindri.

Concernant le développement des personnages et de l'univers, il est malheureusement décevant. Si l'association kengan était dans la première série un univers froid, compétitif, ou les coups bas était monnaie courante et qui se voulait à ses début une critique des élites et de l'exploitation, on a ici un univers devenu gentillet, les manipulations et la critique des ultra riches passant à la trappe. Ainsi, même si on esquisse au début des semblants de jeu de pouvoir entre différentes factions, ils passent bien vite à la trappe. L'association est ainsi devenue une utopie avec Kazuo Yamashita à sa tête, mais qui ne raconte plus rien, servant juste de prétexte pour les combats. Il aurait pu être intéressant de voir Kazuo bataillait pour mettre en place ces règles, et non que ce soit fait hors champ après Ashura. De plus, plusieurs associations de combats clandestins parallèles sont introduit, mais l'auteur ne creuse pas ces pistes pour mon plus grand déplaisir.

Pour ce qui est des personnages, il est tout aussi décevant. Si l'esquisse de développement des combattants secondaire d'Ashura pouvait s'expliquer par le fonctionnement en un seul arc et une durée court, celle d'Omega est incompréhensible. On retrouve beaucoup de nos personnages secondaires et ils participent à l'intrigue, mais peu se retrouve développé. On pourrait voir un certain développement chez des personnages tels que Lihito, mais la plupart semblent uniquement rester à leurs gimmick de caractère. Ainsi, nous assistons rarement à des moments avec eux qui pourraient nous provoquer une émotion, ou au moins constater une évolution de leurs caractères, et non simplement de leurs techniques. Il en est de même pour plusieurs nouveaux personnages, finalement montré rapidement, mais peu développé, comme si l'auteur ne souhaitait mettre en avant que les personnages de la première série, sans pour autant leur apporter quelque chose de neuf ou même faire table rase de l'évolution de certains (je pense notamment à Saw Paing).

Ainsi, si l'univers de Kengan est devenu creux et que les personnages n'avance pas ou alors leurs développements ne sont pas montré, l'intrigue non plus n'est pas en reste en termes de défaut. L'auteur nous introduit donc une intrigue autour du Worm, un groupe terroriste millénaire aux ambitions inconnu, qui nous avait été teasé dans Ashura. Il convient ainsi de dire que cette intrigue n'est pas intéressante, assez nébuleuse voir fouillis par moment, ne sachant pas ce que l'auteur souhaite en faire, comme s'il était aussi perdu que nous. Ces antagonistes sont également peu développés ou même caractérisés, leurs raisons d'être n'étant jamais vraiment expliqué. Ces nouveaux antagonistes n'apportent rien, à part une intrigue ennuyeuse et plate. Je trouve également qu'il y a un problème de rythme sur les multiples arcs, les intrigues étant souvent rushé ou résolu hors champ, ne laissant pas le temps aux personnages de se développer en dehors des combats.

Il reste ainsi une chose à sauver dans Omega, et ce sont les combats. Comme dans Ashura, ces derniers sont assez bien rythmé et mise en scène, l'action est fluide, et permettant même la mise en place de stratégies, tout en étant souvent imprévisible (ce qui était la grande force d'Ashura, ou presque tous les persos n'avait pas de plot armor). Ils sont ainsi la seule force du manga à leurs actuel, et ne sont pas non plus exempt de défaut, car certains nouveaux personnages réutilisent les mêmes techniques que d'autres, ce qui peut être lassant, mais surtout, il y a un manque de combat au sol et de lutte, ce qui amène également à une certaine lassitude. Un des défauts qui joue sur l'intensité de ces combats est également le manque d'enjeux pour les persos, ces combats ne pèsent rien, n'ont pas d'impact sur leurs développements ou bien même sur leurs vies, ce qui fait perdre en intérêt et en émotion. Pour ce qui est des dessins, il reste assez correct, permettant une bonne visibilité de l'action, même si le découpage hors des combats se révèle sommaire, il le magnifie néanmoins durant ces séquences.

Kengan Omega aurait pu développer, grâce à la possibilité de faire plusieurs arcs et de commençait cette suite avec deux personnages inexpérimentés, son univers, ses personnages, et même la mise en place d'une intrigue passionnante et cohérente dans la lignée des jeux d'intrigue et de la critique du système. Cette suite se révèle décevante, les arcs étant rushé, les personnages, qu'ils soient principaux ou secondaires, manquant de développement ou bien l'intrigue globale qui se révèle chiante et mal exécutée. Il ne reste alors que les combats, qui perdent peu à peu leurs intensités, faute de manque d'enjeux pour les personnages, de réutilisations de capacités et de technique ou bien même le manque d'évolution au sein de ces combats. Omega est donc une suite dispensable, dont l'unique intérêt est certains combats et le dessin qui est dynamique mais pas non plus incroyable. On sent que l'auteur n'en a plus rien à faire. Si vous recherchez un bon manga sur les arts martiaux, je conseille ainsi la saga Tough, trop peu connus, mais dont les trois séries sont des valeurs sûr, tant pour l'exploration des thèmes en lien avec l'univers des arts martiaux, que ses personnages et ses combats mêlant réalisme et fantasy.