Klimt
6.2
Klimt

BD franco-belge de Jean-Luc Cornette et Marc-Renier (2017)

Une genèse de Judith et Holopherne peu passionnante.

Les biopics sont à la mode, encore plus pour les peintres en bande-dessinée. On ne compte plus les ouvrages sur tel ou tel artiste. Une façon de caser ces livres dans les différents musées et expositions ? De diverses qualités, ces BD se concentrent parfois sur une seule partie de la carrière des peintres. C’est le cas de « Klimt », qui s’intéresse avant tout à la création de la peinture de Judith, chef d’œuvre ultra-connu de Klimt. C’est Cornette qui s’occupe d’en dresser le portrait (il s’était déjà occupé de Frida Khalo) pendant que Marc-Renier s’occupe du dessin. Le tout est paru chez Glénat.


Il faut d’abord rendre hommage à l’éditeur qui produit un bel objet. La couverture est très belle, tout en doré comme l’artiste aimait le faire. Hélas, il ne résiste pas quand même à nous ajouter une postface d’historien de l’art, comme un aveu que l’histoire écrite par les auteurs ne suffit pas… Pourquoi cette caution systématique dès que l’on écrit une biographie ? Pourquoi ajouter des photos quand le dessin parle de lui-même ?


L’histoire s’intéresse à un moment de la vie de Klimt où il cherche du neuf. Des cauchemars le hantent et il cherche un « regard ». Ainsi, c’est la génèse de son Judith qui nous est conté. Cette quête (qui finit forcément avec une femme) manque un peu d’intérêt. Les cauchemars décrits par les auteurs alourdissent l’histoire entre les scènes d’atelier, un peu vulgaires. Bref, tout ça patine un peu. Pourtant, qui sait qu’il y aurait à dire sur Klimt. Mais les auteurs le montrent seulement comme un décadent fatigué « de Vienne et des Viennoises », cherchant du neuf.
Il manque réellement dans l’ouvrage toute l’effervescence de Vienne du début de siècle. Klimt était le leader de la sécession. Quid des autres artistes ? L’histoire intime de Klimt n’est ici pas assez intéressante pour passionner. Et on n’apprend pas grand-chose de son art non plus finalement. Peut-être aurait-il fallu utiliser l’histoire du tableau d’Adèle Bloch-Bauer pour enrichir le scénario (avec des flashbacks ?).


Au niveau du dessin, Marc-Renier fait le travail. Sa reproduction des tableaux est satisfaisante, mais je n’ai pas été séduit par le trait qu’il développe. Les personnages paraissent souvent crispés. C’est dommage car il y a quelques cases intéressantes. Mais comme souvent, il est difficile d’apposer une planche de Marc-Renier à côté d’une œuvre de Klimt… J’ai surtout été déçu par sa représentation du Vienne de l’époque, très timide. Les décors sont souvent réalisés dans de petites cases, avec des vues très conventionnelles (voire touristiques). Tout ça manque sacrément de panache, de prise de risque. Du beau dessin, mais timoré. La couleur est plutôt bien rendue mais on aurait aimé que les passages rêvés utilisent d’autres gammes chromatiques. Là aussi, c’est trop policé.


Sans être un grand fan de la peinture de Klimt, c’est un peintre qui suscite beaucoup d’intérêt chez moi. Ce « Klimt » passe sous silence toute la partie collective du peintre pour se concentrer sur la création d’un tableau. Mais sorti du contexte du Vienne du début du siècle, on perd beaucoup et le sujet se révèle trop léger pour passionner le lecteur. On manque d’empathie, de tension, d’enjeux. Dommage.


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belzaran
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le 6 déc. 2017

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belzaran

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