Staline raconte cette fois-ci sa vie dès 1905, année à laquelle il se radicalise dans sa quête de révolution et devient l'équivalent russe d'un bandit de western : il a une bande de tueurs assoiffé de sang à ses côtés, il pille, multiplie les conquêtes féminines, survit à la faune et à la flore hostile de Sibérie.
Le tout pour mener et préparer à bien la future Révolution russe, et tant pis si ça déplaît aux Mencheviks (les socialistes révolutionnaires modérés alliés aux Soviets, majoritaires dans les rangs contestataires jusqu'en 1917).
Et pourtant, malgré son côté desperado digne d'un film d'action américain du style Scarface et tout l'argent qu'il a réussi à réunir pour la Cause, et toute la violence et l’athéisme de son mouvement ; il réussit à avoir un mariage chrétien (bien qu'il délaisse sa femme et prend sa mort comme prétexte pour continuer le combat), et à être fauché lors d'un voyage en Europe (et ce, sans avoir gaspillé son argent en plaisirs débauchés).
C'est là tout le paradoxe de la vie de Staline : criminel mais peu inquiété, pillard mais pauvre (avant de devenir "camarade" mais avec plusieurs palais), amoureux des femmes et en même amoureux de la révolution, soviet en Russie et pourtant dormant sous les ponts d'Europe.
Il dit même avoir frôlé l'Empereur d'Autriche, Tito et un certain "artiste autrichien" (Hitler) à Vienne en 1908 sans avoir discuté avec eux. Il dit même être "l'ami" du secrétaire biographe, tout en menaçant la vie de ce dernier (peintre anti-stalinien à ses heures perdues).
Cependant, le dénouement peut laisser perplexe :
Les gardes rouges découvrent que le secrétaire biographe cache une toile montrant Staline en monstre macabre, prétexte pour faire tuer le biographe et ainsi cacher au monde la vérité. Staline a donc arrêté son récit en 1912 mais il parle de ce qu'il aurait pu dire à l'ex-biographe. On ne sait donc pas s'il y aura un Tome 3 de La Jeunesse de Staline, où si la suite aura lieu sous la forme d'un monologue interne de l'Homme de Fer.
Staline est donc passé d'un type de most wanted à un autre : de pourri recherché par la justice russe, à dirigeant au sommet hissé par lui-même et les révolutionnaires.