Étonnant ce parti pris de Pedrosa de renouveler totalement sa colorisation. On est d’abord un peu rebuté par la saturation et puis très vite époustouflé par ce foisonnement graphique jubilatoire. Et puis le récit est remarquablement écrit, sonnant juste entre fragments de conversations anecdotiques, joutes verbales, conversations variées sur le pouvoir, aidées par le choix de multiplier les mêmes personnages dans une même case. On suit avec jubilation ces trois personnages qui se transforment au cours de l’histoire, et notamment cette princesse tout d’abord moderne et humaniste et qui, peu à peu, devant ses responsabilités ou sous l’emprise dont on ne sait quel sortilège, se crispe ainsi que Bertil, jeune écuyer bientôt aspiré par cet âge d’or démocratique. Ce magnifique ouvrage se dévore et trouve des correspondances étonnantes avec toute époque dont la nôtre, dont on perçoit la boursouflure, la fin annoncée et l’appel vers un idéal autre. Dans le top 5 2018 de la BD sans conteste.