Après l'expérience pour le moins (très) malheureuse de l'album précédent, Le Ranch Maudit, composé de 4 (très) pauvres petites histoires, Dargaud remet le couvert avec le même schéma cette fois-ci exclusivement avec le scénariste Claude Guylouis. Ou plutôt devrait-on dire les scénaristes car sous ce pseudonyme, se cache un trio d'auteurs constitué de Claude Klotz, Guy Vidal et Jean-Louis Robert. Pourquoi Dargaud ?? Pourquoi avoir gardé l'ivraie, si grain il y avait ??
La première histoire qui porte le nom de l'album est incompréhensible dans son motif (voire jusque dans son titre!). Il s'agit pour Lucky d'accompagner une jeune fiancée à un voyage dans l'Ouest qui sera "une véritable initiation à sa vie de femme, de future mère et d'américaine". Et pour cela Lucky va devoir orchestrer de fausses attaques. Le problème numéro 1 est que la femme est question est costaude et rien ne lui fait vraiment peur ; dans un mix entre Annabella Flimsy de La Diligence et Calamity Jane. Le problème numéro 2 est la motivation du beau-père, qui manigance tout cela pour une sombre histoire d'héritage...ça ne tient pas debout une seule seconde.
Pourtant, le coup du vrai voyage initiatique a été déjà traité dans La Caravane et La Diligence. Celui du faux, repris ici, l'a surtout été dans Le Grand Duc et dans une bien moindre mesure avec Sarah Berhardt. Bref c'est vu et revu, et on le droit avec L'Alibi à une version bas de plafond. Pire, l'auteur ne se gène pas de toucher à l'essence même du personnage : à la lecture, on peut prêter des volontés mercantiles à la démarche de Lucky...
La deuxième histoire Althetic City, relate le parcours d'un body-builder en herbe ; c'est complétement hors-sol de l’univers, inintéressant au possible et ne mérite aucun développement.
Le troisième récit, Ole Daltonitos, fait revenir les Dalton au Mexique après le superbe Tortillas pour les Dalton. Certainement la moins pire de ce tout petit cru car quelques cases font voyager et que le scénario, bien que burlesque et intrinsèquement sans intérêt, tient malgré tout ses défauts débout. Encore faut-il avoir la crédulité que les Dalton puissent usurper l'identité de célèbres toreadors mexicains...
Pour finir la quatrième histoire, Un cheval disparait, part d'une hypothèse intéressante non creusée jusqu'ici à savoir le horsenapping de Jolly Jumper. On avait eu Lord Wasmouth III dans l'excellent Chasseur de primes mais pas encore le fidèle compagnon de vie de Lucky. Voir le cow-boy enfourcher un autre cheval apporte une idée qui aurait pu être creusée...malheureusement le scénario part dans du grand n'importe quoi comme on pouvait le craindre. Pire, c'est à un détail près (la cravate au lieu du nœud pap') le même type de méchant que dans L'Alibi....franchement Claude !
Bilan : Ne pas se laisser tromper par cette superbe couverture ! Pour les Claude Guylouis, RIP, mais bon vous n'avez pas fait honneur ni au personnage ni à l'univers.
Sur le pourquoi de cet album : se servir de la saga comme une usine à cash ? Au détriment du lecteur qui lui ne peut que constater le délitement croissant de l'esprit d'origine !