Les départs en Syrie de jeunes français inspirent la bande-dessinée. « L’appel » s’en fait l’écho en narrant la quête d’une mère cherchant à comprendre les raisons qui ont poussé son fils à partir en Syrie. Mais au-delà de la compréhension, elle espère le faire revenir. C’est un pavé de 120 pages qui nous est proposé par Glénat pour nous aider à saisir la détresse sociale de ces jeunes qui fuient la France pour rejoindre les rangs de l’État Islamique.
Benoît est un jeune de banlieue athée. Sa mère, célibataire, est parvenu à s’extirper de la cité pour essayer d’offrir une meilleure vie à son fils. Mais ce dernier, bouleversé par la mort de l’un de ses amis, part en Syrie…
« L’appel » est la quête d’une mère. Tout commence par une vidéo de son fils lui expliquant qu’il est heureux en Syrie, qu’elle ne pourra pas le comprendre mais qu’elle ne doit pas s’inquiéter, etc. La mère va alors chercher les personnes qui ont influencé son fils et renouer avec ceux qui l’ont côtoyé avant son départ pour comprendre…
Le livre suit sa ligne, mais se fait trop didactique. Extrêmement bavard, on a droit aux discours des rabatteurs. Forcément, on les trouve simplistes, mais Benoît y est sensible. Bien sûr, d’autres facteurs entrent en jeu : la figure du père manquante, l’impression d’injustice, l’absence d’avenir… Cependant, on a du mal à comprendre Benoît finalement. Et l’abondance de messages vidéo ou facebook rendent la lecture laborieuse.
L’autre figure importante, la mère, laisse aussi dubitatif. Elle ne pleure pas, reste stoïque. Les auteurs nous l’expliquent, mais est-ce un choix pertinent ? Tout ça manque d’émotion. Alors que le livre devrait être puissant sur ce plan, il propose un récit froid, où personne ne se sent vraiment responsable. Le récit, trop bavard, finit par nous ennuyer et la tension n’est jamais vraiment présente.
Au niveau du dessin, je découvre le travail de Mermoux et c’est une belle surprise. Son dessin, moderne, proche de l’animation fait penser au travail de Carole Maurel, en plus anguleux. Le choix des couleurs froides correspond bien à l’histoire, glaçante.
« L’appel » m’a laissé un peu froid. Trop didactique, on sent la thèse derrière l’ouvrage. L’idée de construire la narration à partir de la mère n’est pas une mauvaise idée, mais Cécile reste trop stoïque et on ne développe que peu d’empathie pour elle. Encore moins pour Benoît. Nul doute que le livre trouvera un écho chez de nombreux lecteurs vue l’actualité, mais au niveau purement bande-dessinée, il ne m’a pas passionné.