A Séoul en 1951, on fait la connaissance de Kyung, une jeune femme qui vit seule avec une mère devenue irascible et qui en veut à sa fille suite à la mort de ses deux garçons tués lors d’un bombardement. Kyung travaille dans un magasin destiné aux soldats américains alors en poste en Corée. Elle y fait la connaissance d’un jeune peintre réfugié du nord qui réalise sur commande, faute de mieux, des peintures sur soie destinées aux GI’s désireux d’avoir sur eux le portrait de leur petite amie. Petit à petit une relation se tisse entre ces deux êtres emplis de solitude, un amour platonique naissant va alors rythmer les différentes rencontres de ses deux êtres perdues dans un monde trop dur pour eux où ils manquent de repères.
Keum Suk Gendry-Kim propose avec L’Arbre nu une belle adaptation du roman éponyme de l’auteure Park Wan-seo paru en 1970. Dans un noir et blanc plutôt sobre, on découvre un copieux roman graphique dans lequel on entre sur la pointe des pieds pour se glisser tout doucement dans le douloureux quotidien de Lee Kyung et Ok Heedo, pour suivre au fil des pages le destin de ces deux êtres pas si ordinaires que ça, unis par un amour impossible qui va leur permettre de tenir face aux malheurs qui se présentent sur leur chemin, dans une époque tourmentée.
L’arbre nu est un livre de plus de 300 pages aux allures de roman initiatique, plein de finesse et de délicatesse, qui nous plonge dans une société coréenne minée par la guerre, avec un récit au rythme assez lent, qui alterne moments graves et moments plus légers, avec, en guise de fil rouge, la métaphore de l’arbre qui perd son feuillage au fil des semaines, et qui, bien que totalement dépouillé, ne meurt pas. Une référence à une célèbre toile de l’artiste coréen Park Soo-keun dont le titre a été repris pour le roman originel de Park Wan-seo.
Une profonde et touchante lecture pour plonger au coeur de l’histoire de la Corée.
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