Dinguerie
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Ma lecture de « La divine comédie » de Dante il y a une dizaine d’années a été marquante. Douloureuse parfois, sublimes à d’autres, j’avais été impressionné par cette œuvre unique dans l’histoire de la littérature. Gaëtan et Paul Brizzi, deux frères (quoi de mieux pour BlogBrother !) se sont lancés dans la courageuse adaptation de la première partie de ce chef d’œuvre, « L’Enfer ». C’est la première partie du bouquin, la plus célèbre, celle qui a inspiré les peintres. Le tout en 160 pages paru chez Daniel Maghen.
Dès la préface, les auteurs précisent combien il est difficile d’adapter l’ouvrage. Ils expliquent leurs choix de se concentrer sur l’Enfer et d’expurger l’histoire de toutes les micro-anecdotes de la société de l’époque (ceux qui ont lu « La divine comédie » sauront de quoi on parle !). Ainsi, c’est une œuvre fortement différente qui est proposée ici, s’intéressant peu aux destinées individuelles, mais davantage aux sentences sur les damnés et au voyage en lui-même.
Les Brizzi optent pour une partie narrative en récitatifs, citant le texte, et une partie dialoguée entre Virgile et Dante. L’articulation est bien menée et donne du rythme à l’ensemble. Car le voyage à travers l’Enfer est par lui-même très redondant avec ses cercles à traverser. La peur devant les créatures démoniaques et l’horreur devant les châtiments est bien présente et retranscrite. C’est ainsi que chaque scène se construit : un nouvel endroit, un nouveau danger, de nouveaux damnés.
L’ouvrage vaut beaucoup pour son graphisme extraordinaire. Les pleines pages sont nombreuses pour représenter la démesure de cet endroit. L’utilisation d’un noir et blanc tout en crayonné donne un aspect gravure du XIXème siècle très adapté. Une influence de l’œuvre de Gustave Doré ? On pourra juste regretter que les expressions des visages des personnages soient beaucoup moins subtiles que le reste, mais ce serait chipoter. L’ouvrage est graphiquement très impressionnant, d’une beauté et d’une finesse peu incomparables.
« L’Enfer de Dante » est un bel effort de vulgarisation du chef d’œuvre de l’écrivain italien. Certes, il garde certains écueils de l’œuvre originale, mais les auteurs ont su enlever ce qui gêne le lecteur d’aujourd’hui pour en faire un ouvrage plus digeste. Reste que la fin tombe trop vite, forcément, puisqu’il y aurait normalement deux livres supplémentaires à faire… Mais concernant le graphisme, il est parfaitement adapté, somptueux, et retranscrit avec soin l’impression de désolation et de démesure des lieux.
Créée
le 14 oct. 2023
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