Dans la nuit du 14 avril 1912, le Titanic, qui accomplit là son voyage inaugural, évite de justesse un immense iceberg grâce au jeune Max Waterson. C’est le point de départ de L’Étoile blanche – symbole de la White Star Line, qui possède le navire –, seizième tome de la série de bande dessinée uchronique Jour J.
L’idée qui tisse la trame de cette histoire, c’est qu’un des passagers du Titanic aurait pu, en survivant à la catastrophe, changer le monde de façon significative. Ce n’est pas une mauvaise idée en soi, mais j’ai du mal à être convaincu par ce nouveau tome: le point de départ, même si c’est un évènement très connu, est somme toute anecdotique et, parmi les passagers du navire, le choix de prendre un personnage fictif comme clé de la divergence me parait un peu facile.
Et puis surtout les évènements de ce futur alternatif me paraissent peu crédibles. C’est l’histoire d’un homme seul qui devient l’éminence grise d’un gouvernement mondial qui, s’il a des buts nobles, s’impose finalement par la violence et grâce au crime organisé. Ça ressemble plus à une narration pour Némésis de superhéros; il y a du Lex Luthor ou du Vincent van Doom dans ce Max Waterson.
C’est dommage, parce que la faiblesse de ce point de divergence grève une histoire qui autrement est agréable à lire. Fred Duval et Jean-Pierre Pécau, au scénario, produisent un script très correct, illustré de façon classique, mais efficace par Damien.
Personnellement, question Titanic, j’en reste aux histoires conspirationnistes de Ken Hite, notamment A Night to Embroider: Who Sank the Titanic? paru dans Suppressed Transmissions. L’Étoile blanche est une bande dessinée très honnête, mais c’est loin d’être l’uchronie la plus convaincante – ou même la plus amusante – de la série Jour J.