1630, Cologne, Saint Empire germanique, Garance est sage-femme. Elle exerce avec passion ce métier à haut risque, surtout depuis que l’Inquisition condamne des femmes pour sorcellerie dès qu’elles usent de plantes pour soigner et soulager. Et notamment la Belladone, récemment définie comme l’herbe du diable.
Scénario de Benjamin Laurent qui, habilement, le rend très moderne. Alors, bien sûr, on ne parle pas d’IVG, mais du combat des femmes pour jouir elles-mêmes de leurs corps, de ce très long parcours qui a été le leur pour arriver à ce qu’aujourd’hui l’IVG soit inscrite dans la Constitution. L’histoire est documentée, il y a même un court dossier en fin d’ouvrage. Les souffrances des unes, les sacrifices des autres… C’est bien fait, bien mené et sans temps mort : la tension monte ainsi que le suspense quant à l’avenir de Garance.
Tout cela est rehaussé par le superbe dessin de Claire Martin qui, dans des tons ocres et verts et les traits nets, m’a parfois fait penser à des images anciennes. Les visages sont expressifs, les décors soignés et eux-mêmes très documentés (cf.le dossier final) et les arrière-plans des cases ont parfois des détails intéressants qui montrent la vie de l’époque dans Cologne.