Pour ce très bel album pour la jeunesse, Amélie Fléchais n’est cette fois qu’illustratrice, et laisse le scénario aux mains de maître de Séverine Gauthier (dont j’apprécie aussi beaucoup le travail, notamment avec L’épouvantable peur d’Epiphanie Frayeur, Cœur de pierre, ou encore Garance).
Ecoute, je porte sur mon dos, les montagnes du monde, et mon front
s’est creusé de tous les sentiers sur lesquels j’ai marché. Tu peux
entendre dans ma voix les grondements de la terre, tu peux voir dans
mes yeux l’eau de toutes les mers…
La montagne qui a poussé sur son dos étant trop lourde à porter, un grand-père annonce à son petit-fils qu’il part pour un ultime voyage, un voyage qu’il doit accomplir seul. Le petit ne comprend pas, cherche une solution, et un plan apparaît dans son esprit : partir en quête du vent le plus puissant, qu’on trouve sur les montagnes les plus hautes, pour aider son ancêtre. Lui faisant promettre de l’attendre, commence alors une fabuleuse aventure pour ce petit bonhomme courageux.
L’Homme montage, c’est un très beau conte initiatique , une jolie métaphore de la vie et de ses embûches, ainsi que du deuil. Au lieu de d’aborder la question de manière frontale, Séverine Gauthier choisit l’onirisme pour en parler avec une grande délicatesse. Les aventures du petit garçon apparaissent comme un voyage presque philosophique à travers ses rencontres avec le roi des bouquetins, les cailloux ou l’esprit de l’arbre… des rencontres farfelues qui vont l’aider à grandir et accepter l’absence de l’être cher.
–Grand-père, comment es-tu toujours si sûr qu’on se retrouvera ?
–Parce que mon plus beau voyage, c’est toi.
Si ce conte s’adresse aux enfants à la base, il plaira certainement aux adultes grâce à la grande poésie qui s’en dégage. Côté graphismes, Amélie Fléchais nous livre une fois de plus de superbes planches à l’univers enchanteur ! Son travail sur les couleurs et la lumière est tel que chaque planche a chamboulé mon cœur…