L'Île aux femmes
6.8
L'Île aux femmes

BD franco-belge de Zanzim (2015)

Que voilà une critique intéressante à faire ! Comment traiter une BD éminemment sympathique et agréable mais dont on n'est pas complètement sûr du message délivré et de la bonne façon de le délivrer ?


Pourquoi cette oeuvre mérite-t-elle d'être lue ?


Animée par un trait à la Christophe Blain, avec peut-être un peu moins de force dans le mouvement, ce titre est graphiquement très plaisant, très lisible.


Ne boudons pas notre plaisir d'esthète, beaucoup de femmes nues sont dessinées, ce qui est parfaitement sensé, puisque notre héros, Céleste, échoue dans une tribu d'amazones ayant fuit le danger mâle. Protégées du regard de l'homme, elles ont plutôt adopté des tenues dénudées, d'autant que l'île sur laquelle elles ont élu domicile semble plutôt de climat tropical ou méditerrannéen. Mais je reviendrai sur cette nudité, qui sur le fond, peut quand même poser question.


Et cette histoire fantaisiste ne manque pas non plus de rythme d'un point de vue scénaristique. Pas d'ennui, ça roule, on suit bien, les moments où le rythme retombe sont bien gérés.


Pourquoi cette oeuvre interroge ?


Que veut nous dire l'auteur ?
Je me demande s'il ne veut pas nous évoquer l'utopie du féminisme radical, en nous montrant que finalement, le féminisme qui cherche à s'isoler des hommes jugés trop dangereux, échoue en cela qu'il reproduit à son tour des phénomènes de domination, inversés ou les unes envers les autres, et qu'au final, les femmes ont elles-mêmes trop besoin des hommes.
Il y a ce fameux "male gaze" qu'on retrouve dans cette BD, aussi, un male gaze mignon, certes, avec des femmes légèrement érotisées, non pas outrageusement sexualisées, mais qu'on aurait pu contourner compte tenu du sujet.


Bref, une histoire plaisante, une pincée d'érotisme, un souffle d'aventure assez réussi, et un retournement final qui fonctionne, mais un message trouble. Mais peut-être est-ce là mon erreur. Y a-t-il un message ? N'est-ce pas juste un divertissement ?

John-Peltier
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le 6 déc. 2021

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John Peltier

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