Un début pas forcément attractif car très abscons et mou. Le dessin n'est pas forcément maîtrisé, la couleur aux tons sépias paraît délavée et l'écarlate ponctuelle est plus un signe de facilité qu'un réel choix esthétique.
Passés les deux premiers tomes, maturité oblige, Mosdi et Sorel s'améliorent. Les ellipses deviennent plus justifiées - auparavant elles donnaient l'impression d'un passage obligé pour s'en tenir au 46 pages standard et tronquaient affreusement le récit. La succession de scènes toutes les deux planches, afin de suivre en temps réel les différents protagonistes, fait ressortir la tension et privilégie le fond. «L'île des morts» prend enfin le lecteur aux tripes et l'enveloppe de toute sa démesure mystique.
Le dessin est bien plus léché à partir du tome 4, où la couleur est utilisée de façon manifeste. Dans le tome 5, certains dialogues se veulent trop explicites, comme pour remâcher le travail de réflexion entamé précédemment par le lecteur, et se rendent alors inutiles. Par moment, le texte est grossier. Mais bon, le travail est soigné, l'adaptation réussie. Le mythe prend toute son ampleur et fascine encore, bien après la fermeture de l'intégrale.