Le Rapport de Brodeck est l'adaptation BD en deux tomes du roman éponyme de Philippe Claudel, roman que je n'ai pas encore eu l'occasion de lire. Et même si je ne l'ai pas lu, il suffit de lire son synopsis pour se donner une idée des thématiques abordées, à savoir la peur de l'autre, la culpabilité, et le changement d'état d'esprit des hommes après la guerre.
Je ne sais pas à quel point le roman est prenant ou non, et à quel point il décrit les diverses situations de l'intrigue, mais je peux dire que la mise en image de Larcenet est sacrément prenante. Déjà, le travail sur les environnements et les visages est à la fois stupéfiant et fidèle à la patte de Larcenet, ce qui en fait l'une des BD les plus esthétiquement abouties que j'ai pu parcourir jusqu'à présent. Ensuite, la grande force de la BD est cette maîtrise du rythme et cet équilibre entre les moments de récits, les moments de dialogues, et les moments de silence. Ces derniers arrivent à décrire en quelques images sans textes ce que j'imagine comme de longues descriptions détaillées de Claudel dans son roman. Le processus est différent, mais l'effet est tout aussi saisissant ; et on suit pages après pages la montée en puissance de l'intrigue, parfaitement entrecoupée de différents flashback. Enfin, malgré le fait qu'on l'ai déjà vu un millier de fois dans divers médias, Larcenet traite à sa manière le thème de la guerre et des camps de concentration, et le fait simplement par le dessin, sans en dénaturer l'horreur qui s'en dégage.
Bref, une oeuvre assez hallucinante, qui prouve une fois de plus le talent de Manu Larcenet, à ne rater sous aucun prétexte.