C'est une critique de Jordane Renard sur Historiquement incorrect qui m'a permis de forger cette critique de la dernière "œuvre " de Marsault, car je vois des ressemblances d'idées entre ce dessinateur, Jean Sévillia et Eric Zemmour : des idées d'une droite se prétendant anciennement "majoritaire" mais devenue "minoritaire" à cause des méchants "bobos-islamos-écolos-gauchos-athéistos-pro-LGBT" et souffrant donc d'un délire de persécution - "persécution" en réalité dû à leurs discours et actes violents, intolérants ou inappropriés qui ne résolvent aucun des "problèmes" de la France moderne.
J'en profiterais aussi pour faire une critique de Sans Filtre et Breum 3 du même auteur, qui était meilleurs car tout le monde en prenait plein la tronche (y compris des "beaufs de droite" pétomanes et alcooliques) mais qui avait aussi ses instants fleurtant avec de la mauvaise foi, ou au contraire de l'ignorance et de l'hypocrisie → car pour être de mauvaise foi, il faudrait être selon le Larousse d'une :
MAUVAISE FOI, locution : Indécence caractérisée par une volonté d’affirmer un propos que l’on
sait foncièrement faux ou injustifié (l’interlocuteur en est également
conscient), mais que l’on continue à clamer comme la vérité.
Mais je vais être UN PEU sympa et quand même dire le peu de bons côtés des ces BD, qui soulèvent quand même quelques vérités :
Il y a un sketch où un jeune Français de banlieue d'origine algérienne fume des joints et se plaint que les Français "c'est tous des racistes", alors qu'il a vécu toute sa vie en France, parle français et consomme comme un jeune Français moyen et qu'il n'a surtout visiblement jamais subi le racisme. C'est alors que le "Tonton du Bled" (un génie musclé et archétype du "tonton algérien") sort de son narguilé pour le sortir de cette "horrible France" pour le ramener dans la "magnifique Algérie" qu'il vénère tant. Et le Tonton l'amène donc dans un coin paumé et désertique et pourri de l'Algérie (pas la capitale que visiblement Marsault ne connait pas). Bien sûr, le jeune se plaint, et alors le Tonton en a marre et lui dit qu'il avait qu'à pas se plaindre alors qu'il avait tout le confort, les services publics et les allocations en France et lui file une bastos à ce petit ingrat avant de le laisser planter là. C'est sûr que c'est caricatural, mais il existe bien des personnes hypocrites et énervantes comme ça en France, **mais ce ne sont pas de terribles nuisances.
Marsault semble plus dénoncer avant tout l'ingratitude et l'hypocrisie, même s'il vise surtout les gauchistes et les féministes de façon assez agressive. Mais il y a un scène où il donne à une raciste anti-blanc la monnaie de sa pièce : alors qu'elle déambule en vison et sacs de luxes français et trébuche toute seule sur un clochard blanc, elle l'accuse de l'avoir fait exprès et lui reproche d'être raciste et responsable de la colonisation, alors que le pauvre vieux n'y a pas participé ne lui a rien fait et n'a aucune arrière-pensée envers elle et "son peuple". Mais une grosse femme noire vient défendre le clochard et filer une bastos à la raciste anti-blanc en la traitant d'hypocrite et d'ingrate et rappelant que si elle vivait dans l'Afrique actuelle, elle serait probablement pas aussi libre et riche qu'en France et aurait droit à d'autres traitements bien pires qu'en France. Le seul problème étant la représentation physique de la femme défendant le clochard : obèse morbide et caricaturale. Du coup, on ne sait pas si Marsault veut prouver que la beauté ne fait pas la personnalité... ou l'inverse. D'autant que sa représentation des obèses lui a valu des critiques (il semble les détester plus que les autres).
Certaines représentations sont d'ailleurs problématiques, notamment dans le sketch où il se moque des antisémites et antisionistes : si on peut féliciter comment Marsault fait passer Alain Soral comme un horrible manipulateur abusant de jeunes abrutis essayant de justifier le moindre de leurs actes violents (comme attaquer une petite mamie) par "c'est la faute à Israël et aux sionistes", le problème est la fin de ce sketch → Alain Soral s'aperçoit qu'il y a une caricature de juif avec griffes et nez crochu dans la cervelle du petit antisioniste → est-ce que c'est une métaphore contre les antisionistes ou contre les juifs ? Une fin un peu maladroite qui peut être mal interprétée.
Enfin, il se moque constamment des beaufs alcooliques, obèses et pétomanes qui se croient meilleurs que tout le monde. Là où il était assez nuancé, c'était dans Sans Filtre et Breum 3, où il disait que les pseudo-féministes enragées pourraient bien se retrouver avec Marine Le Pen pour présidente ou qu'elles s'excitent pour pas grand chose.
Mais il a vite perdu en subtilité et nuance en multipliant les provocs et attaques gratuites (exemple : en se comparant à Hitler, etc.)
Mais c'est là que commence d'autres mauvais côtés, dans lequel Marsault va s'en prendre plus aux "bobos-gauchos" de façon agressive et hypocrite, ruinant ainsi une BD et un auteur qui se voulaient juste "politiquement incorrects" et faire chier tout le monde à la base :
Son sketch où il compare les "héros des années 80" avec Jean-Eudes le "Français typique de 2018" peut laisser perplexe si on cherche à faire une lecture au second degré (on ne sait pas s'il se moque du Rambo anti-communiste, homophobe et violent ou s'il en fait l'apologie et sinon ça insulte un peu certains fans de Rambo qui ne voient dans le perso ni une apologie de l'anti-communisme ni une caricature reaganienne mais un auto-défenseur ou un héros des opprimés) et autrement grandement choquer de par ses analyses offensantes et hypocrites puant l'anti-gauchisme ou l'anti-féminisme primaire :
Là où Marsault et la droite zemmourienne deviennent hypocrites ou amnésiques, c'est quand ils se plaignent parfois que le Français "gauchisé" d'aujourd'hui ne parte plus en "Croisade" contre les "Mahométans" - mais oublient que c'est sous Hollande et Macron qu'on a buté le plus de djihadistes ; et aussi que beaucoup de militaires héroïques, y compris des types biens Blancs comme la majorité des Français et pas forcément politisés, ont flingué des salopards de terroristes au Mali, en Syrie, en Irak. Mais ça, comme par hasard, cette droite l'oublie souvent... comme par hasard !
En plus, les BD de Marsault s'en prennent plus au "Jean-Eudes", censé être l'incarnation du "Français moyen bobo-islamo-écolo-gaucho-athéisto-pro-LGBT" en 2018 ... mais qui s'avère n'être qu'en fait qu'une caricature du Parisien du XVIIIe arrondissement. Le "Jean-Eudes" sert ici davantage à insulter les êtres aux opinions divergentes dans cet album, que les gauchistes de mauvaise foi dans Sans Filtre et Breum #3.
Si ce "Jean-Eudes" avec ses lunettes noires, sa crinière blonde et son petit bide a parfois des discours stupides et mesquins (comme quand il dit que le problème en France ce n'est que l'extrême-droite mais oublie les djihadistes, ou quand il dit qu'il faut pas fêter Noël car "symbole de persécution pro-chrétienne", ou qu'il oublie que certaines de ses idoles socialistes - comme Mitterrand et Marcel Déat - ont été des collabos), le traitement que Marsault lui réserve est tout aussi stupide et mesquin :
Dans Breum 3 et FDP de la Mode 2, Marsault se contente souvent de lui opposer un grand musclé fan de bagnoles et de flingues (et au crâne rasé pas skinhead mais tout aussi agressif) qui se contente pour tout argument de l'insulter lui et sa mère.
Si on peut légitimement en avoir marre des discours anti-Noël fait par des gens qui oublient que si on le supprime, ils n'auront moins de jours fériés et que supprimer Noël va surtout profiter à de "grands méchants patrons exploiteurs capitalistes", faut pas exagérer pour autant ou écouter ces gens (ce serait leur faire trop de crédit, idem pour l'extrême-droite qui veut faire croire que "ils" veulent à tout prix détruire Noël).
Et la plupart des insultes contre le Jean-Eudes sont juste ridicules ou inappropriés : exemple dans Breum 3 ou Sans Filtre, Marsault le traite de "tapette" juste parce qu'il boit du thé détox et s'imagine qu'en l'insultant, Jean-Eudes va vouloir voter FN pour regagner en virilité (perso, on me fait ce coup-là, je balance mon thé chaud à la gueule du mec).
On rejoint la croyance de Marsault et de cette partie de la droite dure qui croient que les gauchistes seraient des "racistes qui ne s'assument pas" en manque de virilité. Mais de la part de fans d'un Eric Zemmour de droite, qui s'est déclaré contre le multiculturalisme face à Hapsatou Sy mais qui - attention - n'a rien contre le pluriethnique (il assume pas le mec), ça me paraît un peu fort de café...
Bref, tout ça, même si ça veut exprimer certaines problèmes, reste très haineux, toxique et ambivalent. Encore pire quand il s'agit de se planquer derrière la liberté d'expression et de s'en servir comme prétexte pour insulter interdire aux autres d'exprimer des opinions divergentes (et ça, des excités de droite comme de gauche le font).
On pourra m'accuser d'être trop "politiquement correct" ou d'être la marionnette de la "pensée unique", mais ce sont des arguments répétés par des personnes frustrées et intolérantes allant jusqu'à justifier ou minimiser les pires atrocités au nom de la pureté et de la nostalgie, pour enfin s'étonner de passer pour stupides et méchantes et d'être critiquées et poursuivis.
Marsault et cette partie de la droite en revanche, veulent jeter le feu aux poudres en tirant profit d'une soi-disante "persécution" dont ils sont les seuls responsables de par leurs discours offensants, violents, extrapolant certains problèmes pour ne proposer que des solutions pires que le "mal", à savoir souvent l'expulsion, les coups voire même la fusillade.
Marsault se plaint de la France moderne multiculturel et multi-ethnique ? Ses défenseurs le trouvent persécuté ? Inutile de faire vos midinettes : l'auteur est toujours publié à la Fnac, mais n'est bon qu'à provoquer trois réactions en ce moment : "Ha!" ,"Meh" ou "C'est naze!" Rien de plus et c'est tout ce qu'il mérite.
Comme le dise les gens plein de bon sens et les intellectuels, Marsault et Zemmour font partie de ces gens qui sont intolérants par conviction autant que par envie de se faire de la publicité et d'être des chefs de file. Mais ces gens ne méritent ni attention ni publicité, seulement du mépris parce qu'ils ne font qu'attiser les braises de la guerre civile et ne font plus rien de bon pour la France.
Créée
le 3 juin 2019
Critique lue 1K fois
8 j'aime
11 commentaires
Du même critique
Honnêtement, même si le plot twist est décevant à premier abord de par sa facilité, sa mise en scène reste suffisamment correct et convaincante compte-tenu des épisodes précédents : Certes, je n'ai...
Par
le 21 déc. 2019
14 j'aime
7
Adaptation ratée et décevante, la faute à des micro-erreurs de casting, de l'humour pourri et des maladresses : Christian Clavier en Champignac est moyen (on prend un petit gros jouant un vieux un...
Par
le 25 févr. 2018
13 j'aime
8
On avait tous eu peur de ce nouveau film Sonic (je dis bien "nouveau" car il existait déjà un bon film Sonic, un OAV de 1999 avec quelques développements d'univers, des libertés et des humains...
Par
le 15 févr. 2020
12 j'aime
8
