Voici comment est jugé à la sortie du dessin animé en long-métrage La Ballade des Dalton, le 24 octobre 1978. Œuvre qui représente deux ans et demi de travail, 12 milliards de francs, 800 plans, 500 décors, 560 000 dessins, 1 440 440 pattes de chevaux, 5 tonnes de papier, 2 000 gommes, 105 000 crayons, 8 tonnes de cellule, 2 tonnes et demie de peinture avec 220 coloris, 2 500 paires de gants blancs, 36 000 pinceaux, 100 000 mètres de bande magnétique,...dont Goscinny ne verra pas l'achèvement, nous ayant quitté le 05 novembre 1977.
Comme pour le long-métrage Daisy Town sorti en 1971 et adapté en bande-dessinée du même nom, La Ballade des Dalton connait son adaptation papier en 1986.
Malheureusement, les mêmes erreurs sont reproduites que pour l'album Daisy Town :
- reprise fidèle du long-métrage mais condensé cette fois-ci non pas sur 44 planches mais sur 27 ! L'histoire est pourtant dense : pour toucher un magot laissé par leur oncle Henry Dalton dans son testament, les quatre frères doivent descendre les jurés qui l'ont condamné...avec Lucky Luke comme témoin. Bien que l'idée soit un peu alambiquée, s'en suit une aventure sous forme de "ballade" à travers des personnages caractéristiques de l'Ouest : blanchisseur, indien, directeur de prison, colporteur, croque-mort, etc
Forcément en 27 planches, tout va beaucoup trop vite...on sent qu'il aurait fallu 2 à 3 fois plus de cases pour que l'ensemble soit intelligible et cohérent. Ou peut-être aurait-il fallu réduire le nombre de personnages du dessin animé pour n'en développer que 3-4 ?
- le dessin n'est pas de Morris mais de son assistant long-métrage, Pascal Dabère. C'est bien fait, encore plus fidèle que Achdé maintenant, mais cela n'égale pas Morris.
- Jolly et Rantanplan ont des rôles très secondaires sur le peu de place laissée.
- Lucky a pour la dernière fois la clope au bec, les histoires ayant été dessinées avant le passage obligatoire à la brandille.
Il reste cependant quelques points de satisfactions :
- l'esprit du dessin animé est conservé, on ressent cette certaine mélancolie qui se dégage.
- Quelques scènes d'action se détachent :
La scène psychédélique (planche 12) des Dalton après ingestion d'un liquide indien est maintenue et a le luxe d'être sur une pleine page. Cela rend mieux en dessin animé mais elle a le mérite de trouver sa place.
Un déraillement du train entrainant sur les planches 18-19-20.
3 autres histoires, sorties à des moments très différents, composent l'album :
Un amour de Jolly Jumper (1978, scénario de Greg, dessins du studio Dargaud) met Jolly Jumper à l'honneur qui traverse une période de blues qui s'estompe avec la rencontre d'une jument. Le très mauvais La Belle Province, de Gerra en 2004 développera un peu cette idée pour le pire.
Grabuge à Pancake Valley (1955, Morris) a un twist intéressant notamment quand on suit un Lucky Luke méchant façon comme dans Billy the Kid.
L'École des shérifs (1978, scénario et dessins du studio Dargaud). Une histoire sans grand intérêt...sans connaitre pour autant les délires ratés des mini-histoires vues dans La Corde du pendu et autres histoires.
Bref, un album à ne réouvrir que pour se rappeler, le temps de quelques pages, du dernier des travaux d'Hercule façon Far West, laissé par Goscinny.