Depuis son retour au premier plan, la série « Donjon » nous propose de nouveau des sorties régulières. La sous-série « Donjon Monsters » s’attarde sur un personnage. Même si les tomes fonctionnent de façon indépendante, ils nourrissent l’histoire globale en montrant un moment particulier de l’univers. C’est une série essentielle. Dans « La bière supérieure », on va s’intéresser à une jeune lapine qui n’a pas froid aux yeux. Le tout est scénarisé comme toujours par Sfar et Trondheim, et dessiné par Bastien Quignon pour qui c’est la première incursion dans l’univers de « Donjon ».
Si je retrouve toujours un plaisir de lecture avec les nouveaux « Donjon », je ne peux que m’interroger sur le manque d’enrichissement de l’univers. Les nouveaux arcs narratifs ne m’ont pas forcément convaincu et les anciens manquent d’enjeux. Il faudra donner du temps bien évidemment à ces nouvelles histoires pour en saisir la richesse, mais c’est peut-être là que le bât blesse. Ce « Donjon Monsters » donne un peu la même impression. En tant que tel, l’ouvrage est réussi. Mais qui est cette lapine qui vend de la bière ? Je n’ai pas eu le frisson de lire un moment fort du monde de « Donjon » comme ce fut le cas dans certains tomes de la série. À voir si les nouveaux personnages enrichiront, à terme, les prochains opus.
Pris indépendamment, l’ouvrage est réussi. On démarre à Zautamauxime, le village des lapins racistes. Bonnie, une jeune lapine, ne comprend pas le racisme de ses concitoyens. Elle veut parcourir le monde. Ainsi, elle devient commerciale pour l’entreprise de bière locale. Mais n’est-ce pas dangereux pour une jeune femme de parcourir le monde seule ? Non, car Bonnie a développé un foutu réflexe : si on la malmène, elle sort son couteau.
Le personnage de Bonnie est très réussi. À la fois naïve et tueuse, vendeuse hors pair, elle a un côté très rafraîchissant (autant que la bière qu’elle vend !). L’histoire se développe de façon pertinente et l’introduction de l’assassine nous crée un beau duo. À noter que l’on croisera bien Herbert et Marvin, mais sans qu’ils n’interagissent réellement avec Bonnie.
Humour et aventure, les deux ingrédients de « Donjon » sont bien présents. Certes, l’ouvrage reste un peu sur ses rails, mais la narration est efficace entre dialogues incongrus et récitatifs descriptifs. Le tout est parfaitement porté par le dessin de Bastien Quignon. Parfaitement dans les codes de « Donjon », son dessin est beau et donne vie aux lieux et personnages. Son encrage tout en hachures donne beaucoup de matière à l’ensemble. On aurait envie qu’il en dessine d’autres.
Non, ce « Donjon Monsters » ne sera pas dans les meilleurs de la série. On lui reprochera sans doute de ne pas tisser de lien avec le reste des séries (à confirmer dans le futur). Cependant, la lecture est très plaisante, tant dans l’histoire que dans le dessin et les relectures se font avec envie. Alors pourquoi bouder notre plaisir ?