Cette histoire ne parle pas de viande fraiche

Bastien Vivès, vous devez forcément connaitre. Jeune prodige de la bande dessinée, plusieurs fois primé. A son actif, plus d’une trentaine d’albums signés ou co-signés, dont des séries comme Les Autres gens ou Lastman. Ce roman est un de ses tout premiers puisqu’il est paru pour la première fois en 2009. Il est ressorti récemment sous format poche.

Le scénario est simple : La boucherie, c’est l’autopsie d’une histoire d’amour, de ces instants qui font et défont la vie d’un couple. De la surprise des débuts à la douleur de la séparation.

Ce roman est à la fois doux et frappant. Bastien Vivès réussit à nous faire vivre les sentiments d’une histoire d’amour. Par des scènes très simples. Les deux héros se brossent les dents dans la salle de bain, ils dansent, bref, les petits moments du quotidien. Ils sont racontés avec une telle justesse, que chacun peut s’y retrouver. On passe par une série d’émotions très réelles. La chute est donc encore plus douloureuse, puisqu’on assiste aussi à la fin du couple.

Il y a quelque chose d’addictif dans La Boucherie. Impossible de la commencer sans la terminer. Les pages défilent tellement cette histoire est prenante. Comme si nous en étions le héros principal, on veut connaitre la fin de l’histoire.

L’histoire est ponctuée d’autres petites planches, très critiques des histoires d’amour. On suit deux mini personnages présentés dans des métaphores sur la rupture. Ça accentue encore plus le contraste dont je parlais, puisqu’on va avoir une scène de violence ou de rupture, puis le couple principal que l’on suit amoureux à un arrêt de bus par exemple.

La BD date de 2008 mais n’a pas vieilli pour autant. La différence principale est sans doute la technique de dessin. Dans La Boucherie, Bastien Vivès utilise des crayons de couleurs. Aujourd’hui, il est plutôt adepte du noir et blanc. Mais la précision de son trait, était déjà bien là il y a 10 ans.

Il quitte le schéma classique de la BD et supprime les cases traditionnelles. On retrouve des dessins éparpillés de manière méthodique sur les pages, ou des cases délimitées par la zone qu’il a choisi de colorier. Le cadrage est aussi très intelligent, pas étonnant pour quelqu’un de diplômé en cinéma d’animation.

En refermant le bouquin, on croit toujours à l'Amour ! Le roman est si addictif et fort, qu’on a immédiatement envie de le recommencer. Exactement comme une véritable histoire d’amour. La chute est difficile, mais on veut revivre un autre début, qui amènera peut-être sur une autre fin. Cette BD soulage à la fois les cœurs brisés et fait vivre les éternels optimistes.