The Rise and fall of Irène Joliot-Curie and the European Superheroes
Si vous avez vu Inception ou lu Sandman, vous savez maintenant que la frontière entre réalité et fiction est très tenue. C'est pour ça qu'on aime à se plonger dans des univers imaginaires et tout ce genre de trucs, pour échapper au quotidien tout ça.
Certains genres sont plus prenants, parce qu'ils intègrent une large part de réalité à la fiction : les uchronies (qui partent du postulat de "et si..."), et les cross-overs, qui mêlent plusieurs univers fictifs en un seul.
Quand on a droit à une uchronie cross-over, l'exaltation est encore plus grande donc. C'est pour ça que la Ligue des Gentlemen Extraoridinaires est un graphic novel à lire absolument, pour peu qu'on soit réceptif à la littérature populaire du XIXème siècle. Petit hic : cette oeuvre est très britannico-centrée. Il fallait quelque chose de similaire au lectorat français, qui intégrerait des personnages du paysage littéraire national. C'est chose faite avec La Brigade Chimérique.
Le postulat de la série (qui se décline en 6 volumes) est simple : comment ce fait-il que l'Europe, pourtant très prolifique en personnages littéraires fantastiques du XIXème siècle jusqu'entre-deux guerres, ait perdu justement tous ces super-héros continentaux après la IIème Guerre mondiale ? C'est surtout à partir de cette base que le récit de Lehman et Colin se distingue de celui de Moore (qui, lui, fait remonter l'histoire des ligues fantastiques britanniques du XVIIème siècle à nos jours).
L'histoire commence donc en septembre 1938, pour se terminer un an plus tard, avec l'invasion de la Pologne par une armée allemande fantastique mais toujours nazie. On croisera donc le Passe-Muraille, le Nyctalope, l'Accélérateur, le Docteur Mabuse et bien d'autres. Mêlant habilement personnages de fiction et personnes historiques (Marie Curie, André Breton), le récit nous transporte dans une Europe sous tension à l'aube du deuxième conflit mondial. Enjeux politiques et mouvements culturels de l'époque sont aussi biens rendus, le tout pour une immersion bien sympathique. Logique, quand on sait que les scénaristes ont travaillé sur l'histoire pendant une dizaine d'années.
Une oeuvre vraiment chouette, qui tend un peu trop parfois vers des facilités mooriennes, mais qui a le mérite non négligeable de proposer une alternative francophone à la LXG de la perfide Albion.
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