Flavio, le ménestrel, du roi d’Aquilonie chevauche à bride abattu un ours qui s’effondre à peine arrivé derrière les murs du château. Il revient avec des nouvelles inquiétantes du front, Conan parti prêter main forte à son allié le roi Amalrus d’Ophir est tombé dans un piège. Il se retrouve face à une coalition de traitres qui souhaitent voir son abdication…


Régulièrement dans le rôle du mercenaire, Conan est, cette fois-ci, devenu roi. Après avoir été dépeint comme un colosse cruel avec la puissance d’un surhomme, il redevient plus « humain » et sensible aux préoccupations de ses nouveaux sujets. Le barbare s’est « civilisé » tout en gardant son esprit combatif qui lui permet de se sortir de bien des situations.


La belle couverture de l’album est assez vendeuse. On y découvre un Conan acculé dont on se doute qu’il finira prisonnier avant de triompher, comme à son habitude. Les scènes de champs de bataille même si elles ne sont pas pléthore rendent un effet très réussi, d’un point de vue graphique. A mon sens, elles auraient mérité un plus grand nombre de pages pour donner une impression de durée et de difficulté. A moins qu’en fait, cela soit une volonté des auteurs qui voulaient montrer la facilité des victoires ?


Je n’ai pas lu l’ensemble des œuvres de la collection « Conan le Cimmérien » de Glénat mais il semblerait que ce 5ème volume, nous plonge dans un univers moins exotique, plus médiéval et orienté très « Fantasy ». Luc Brunschwig et Robert E. Howard, nous présente un univers qui mêle horreur, magie et surnaturelle. Les aventures fantastiques du barbare vont le mener à côtoyer des sorciers et des monstres enfermés dans les ténèbres de la citadelle écarlate. Les couleurs saturées et surexposée jouent un rôle important pour transmettre au lecteur cette ambiance angoissante présente dans certaines séquences. A d’autres moments les couleurs obscures révèlent la noirceur de l’histoire car il semble bien que ce récit soit le plus sombre de l’épopée du cimmérien.


Le scénariste utilise les 56 pages de cet album pour écrire une histoire à partir d’une nouvelle de Robert E. Howard, centrée sur un Conan qui a gagné sa place de Roi par ses faits d’armes et non par sa naissance. A la différence des seigneurs de la cours qui gravitent autour du héros et qui complotent dans l’ombre pour devenir « calife à la place du calife ». Le récit met en exergue cette lutte des classes où les seigneurs avides de pouvoir pensent être plus légitimes que notre héros pour gouverner simplement parce qu’ils sont « bien nés ». Cette BD qui critique l’idée que la naissance primerait sur le mérite, semble curieusement faire écho à l’actualité social en France et aux manifestations de gilets jaunes qui se révoltent contre ces pseudos-élites qui les méprisent. Simple hasard ou « anticipation inspirée » en décidant d’adapter ce récit engagé (il faut compter +/- 1 an entre l’écriture des premières lignes du scénario et la commercialisation de l’ouvrage imprimé) ?


Le coup de crayon d’Étienne Roux est ce que l’on appellerait réaliste, précis et détaillé la plupart du temps. Il réalise quelques beaux moments dessinés, au niveau des combats mais pas que. Les scènes où il y a beaucoup de « figurants » est un domaine dans lequel l’auteur excelle. Dans les petits bémols que j’émettrais, il y a les couleurs qui ne valorisent pas toujours assez les protagonistes. Il y a aussi la façon dont se clôture la BD, par le pavé de texte avec le mot « fin » dans un style qui s’intègre assez mal graphiquement, à mon sens, avec le reste de la planche et de l’album en général.


Dans cette première édition, on retrouve un cahier bonus, constitué de notes explicatives de Patrice Louinet (l’expert derrière la série de chez Glénat). On peut également y découvrir des illustrations sous forme d’hommage au personnage de Conan, réalisées par différents dessinateurs de talent.


Version illustrée : http://www.artefact-blog-bd.com/recit-complet/la-citadelle-ecarlate/

Playmo44
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le 25 mai 2019

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