Attention, le titre de cette BD contient un spoiler: le grand Zorglub aurait une fille, La Fille du Z! Elle s’appelle Zandra, elle a seize ans, elle aime les films débiles, la littérature, elle a un petit copain – et donc un père Génie du Mal et quelque peu protecteur.
Ce qui est une mauvaise nouvelle pour le petit copain en question: au premier bisou, une horde de zorgbots débarquent et, comme il s’agit de Zorglub, le superméchant le plus maladroit du monde, les choses virent assez rapidement à la catastrophe majeure.
Dans le « Spirouverse » (j’allais dire que je viens de l’inventer, mais Internet me dit qu’on m’a déjà précédé), j’avoue avoir une tendresse particulière pour le personnage de Zorglub. Il a la classe, c’est un authentique génie, il est un chouïa mégalomane et, malgré tout, il reste humain jusqu’au pathétique.
Zorglub, c’est plus un Génie de la Maladresse qu’un Génie du Mal; il n’est classé superméchant que parce qu’il est à peu près incapable de monter un plan sans qu’il y ait un truc (ou douze) qui foire. À vrai dire, je soupçonne que lui-même n’a pas réellement envie d’être malfaisant.
Pour le coup, associer cette Loi de Murphy sur pattes à un générateur de chaos sous la forme d’une ado au caractère bien trempé ne peut que faire des étincelles – du genre qui mettent le feu aux poudres et rasent des villes majeures. Pour notre plus grand plaisir.
Je ne vais pas vous révéler toute l’intrigue de La Fille du Z, mais sachez qu’elle implique un général sans scrupule, un majordome-robot, une palanquée de zorg-gadgets – parmi lesquels la fameuse zorglonde et une des zorglmobiles première génération – et une quantité indécente de jeux de mots à base de Z.
C’est complètement hyperbolique, ça bouge dans tous les sens et c’est relevé par le trait et l’histoire de José-Luis Munuera – qui connaît bien l’univers de Spirou et Fantasio, vu qu’il en a tenu les pinceaux entre 2004 et 2008. Certes, ce n’était sans doute pas la meilleure période de la série, mais il s’est bien amélioré depuis.
Bon, ça reste assez léger; c’est du Spirou, pas du Marvel période « héros torturés » ou du Warren Ellis en mode hardcore (genre The Authority). Même si on est dans un monde contemporain, la suspension d’incrédulité est de rigueur. Ce qui n’empêche pas l’histoire d’égratigner quelques tendances sécuritaires trop actuelles.
Mais, à la base, La Fille du Z est une BD marrante, avec une inspi sympa pour les jeux de rôle superhéroïque – au hasard, Freaks’ Squeele – si on veut jouer un personnage dont l’historique est « je suis la fille d’un superméchant supermaladroit et superprotecteur » (ça, c’est du Trouble d’historique!).
(Moi j’ai bien aimé, mais je sais de source sûre que certains de mes petits camarades ont détesté. Haters gonna hate, comme on dit.)
Article précédemment paru sur alias.erdorin.org