Show must go on
Un album très moyen. Le sujet est intéressant, mais le scénario tourne en rond, manque de structure, ne fait qu'effleurer ce sujet. Puis la dispute fraternelle aurait mérité d'être poussée plus loin...
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le 2 sept. 2015
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BD franco-belge de Patrick Nordmann et Maurice de Bevere (Morris) (2002)
L'Histoire retiendra que La Légende de l'Ouest est l'album que Morris aura dessiné entièrement en dernier. Toutes les belles histoires ont donc une fin, même si celle de Lucky Luke a déjà été largement anticipée avec le départ de René Goscinny 35 ans plus tôt. Les 25 albums qui ont suivi jusqu'à celui-ci vont du passable (Le Klondike, Le Prophète) au très mauvais (je ne vous fait pas l'affront de tous les citer ici). Justement, c'est Patrick Nordmann qui revient après le surprenant Prophète, alors est-ce bon signe pour la révérence de Morris ? Est-ce que la lumière entre-aperçue par l'audace de ce précédent scénario jaillit sur cet album au titre plus que symbolique ? Ou bien au contraire, est-on dans la lignée du post-Goscinny, à savoir un énième album à mettre aux oubliettes de la mémoire (après une critique sur SC pour ne retenir que cela) ?
Ce qu'on voit tout d'abord c'est le décor planté sur les premières pages : ça parlera de Wild West Show de Buffalo Bill. Puis on a les Dalton qui seront de la partie, bah oui parce que a/ depuis 25 ans ils ont quasiment remplacé Lucky Luke dans le rôle d'ambassadeurs de la série ou alors b/ les auteurs n'arrivent pas/n'osent pas mettre du sang neuf dans les méchants, ou encore c/ les 4 frangins font bien trop vendre du papier (le scénario bôf, après tout c'est secondaire non?).
La partie du spectacle qui attire le plus est celle qui met en scène les récits des Dalton joué par des acteurs. Et oui, comme pour mettre en scène les indiens, le business récupère tout ce qu'il peut, tout ce qui fait vendre. Les célèbres desperados sont dévoyés et deviennent des légendes malgré elles. A l'aide d'un impresario (ancien mot pour agent), les Dalton vont sortir de prison et joueront leur propre rôle dans un "The authentic Dalton's Western show" ! (planche 26 tout de même).
Plusieurs choses sont à noter à ce stade : 1/ le scénario est ambitieux car on y tutoie une critique de la récupération du "capitalisme", de tout ce qui fait vendre au prix de la vertu et de la morale. Dans la grande Histoire ce sont les indiens qui ont été réduits dans ce genre de spectacle au rang de figurants de leur propre déchéance. Dans cet album, les terribles desperados qui deviennent des caricatures d'eux-mêmes pour faire déplacer les foules. Plus tard, et toutes proportions gardées, ce seront une glorification et une banalisation de la Mafia, ou encore un dévoiement d'une musique revendicatrice comme le rap qui était un instrument de la contre-culture pour devenir un porte drapeau du capitalisme quelques décennies plus tard...
2/ le décor planté rappelle deux albums discrets de Morris Goscinny à savoir Western Circus et Le Cavalier Blanc, cela fait toujours plaisir.
Une bonne idée, quelque part assez belle pour finir l'épopée Morris, ne suffit cependant pas à en faire un bon album : trop d'imprécisions voire d'incohérences scénaristiques (Lucky Luke laisse plusieurs fois les Dalton faire ce qu'ils veulent, bref un Lucky Luke inintéressant car dans la totale dilettante), une tension et un humour quasiment absents et puis un dessin déclinant. Aucune case ne sort du lot.
Morris se tire donc sur un album mineur, ambitieux dans son idée mais raté dans sa concrétisation. C'est dommage mais quelque part tellement prévisible au vu de ce qui a été pondu depuis 35 ans.
Tu nous auras quand même bien fait kiffer Morris, ton empreinte sur le 9ème Art est indélébile.
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Créée
le 14 févr. 2021
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