Une jolie incartade
C'est en référence au bouquin "Monsieur Paul" d'Henri Calet qui dépeint la vie de couple comme -la mer à boire- que Blutch s'empare de cette expression pour titre de sa BD. C'est une ode à l’amour,...
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le 19 mars 2023
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C'est en référence au bouquin "Monsieur Paul" d'Henri Calet qui dépeint la vie de couple comme -la mer à boire- que Blutch s'empare de cette expression pour titre de sa BD.
C'est une ode à l’amour, un poème dessiné de la rencontre entre A dit Incartade et B dit Espoir-du-soir à Bruxelles en 2004 à l’Hôtel Métropole. Le choix de commencer sans page de garde dès la 2ème de couverture et de terminer sur la 3ème est un choix efficace dans l'interprétation d'une histoire d'amour quelque peu triviale.
Il transcrit le couple comme une traversée sans fin. Les époques se mélangent, les costumes, les architectures, les géographies. La grande Histoire est flottante et incertaine sans réelle documentation historiographique. Choix voulu par Blutch qui fonctionne assez bien avec la certitude et la ténacité des personnages dans leurs actions, leur choix, leurs dialogues.
Le fil conducteur de l’histoire est retranscrit par B qui se déplace de la gauche vers la droite et A de la droite vers la gauche jusqu’à se retrouver vers la fin de l’ouvrage. Cette rencontre est imagée par un fil rouge de funambule qui contraste avec les tons plus pâles qu’utilise Blutch (qui s’apparentent d’ailleurs aux dessins de nus et les couleurs de Milo Manara). Il y a un vrai côté schématique et géométrique exprimé par ces deux lettres ainsi que cette ligne rouge qui les relie. L’amour comme équation.
Cet ouvrage laisse vraiment place à l’imaginaire et à la rêverie. Le fil conducteur très mince et ténu est enseveli par cette horde de personnages qui gravitent autour des 2 acteurs principaux. Le scénario s’apparente à des séquences de films disparates mises bout à bout. Il frôle le scénario sans queue ni tête mais c’est cette idée de persévérance de l’union entre A et B qui maintient les péripéties dans le récit en place.
"La Mer à boire" n’est pas une autobiographie mais davantage un autoportrait. Blutch étant B et sa femme A. On a le sentiment d’être en attente sur cette histoire et cette relation ; d’être laissé sur notre faim et l’impression d’une réflexion pas encore aboutie. Ce premier tome permet de partager les prémices d’une relation, la rencontre. Cependant cette histoire continue et se verra sûrement mieux développée dans le tome 2 attendu pour démêler cette intrigue et donner davantage corps aux personnages et à leurs psychologies.
6.5/10
Créée
le 19 mars 2023
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