La Métamorphose, de Franz Kafka par belzaran
La collection Ex-Libris de Delcourt se propose d’adapter des œuvres majeures de la littérature en bande-dessinées. J’avoue ne pas être foncièrement fan du principe, mais pourquoi pas ? Qui plus est si c’est Eric Corbeyran, scénariste au talent certain, qui s’y colle. Au dessin, on retrouve Horne, dont je ne connaissais alors pas le travail. Ils s’attaquent donc à la nouvelle bien connue de Franz Kafka : « La métamorphose ». Un choix judicieux, tant l’histoire semble adaptable.
Un jour, un jeune homme de bonne famille se réveille sous la forme d’une énorme blatte. C’est sous ce postulat absurde que commence « La métamorphose ». On suit alors ses propres réactions et celles de sa famille jusqu’à un dénouement dont je ne dévoilerai bien sûr pas l’issue.
Etant donné que le personnage ne parle pas, l’ouvrage fait la part belle à la narration et aux pensées de Gregor Samsa. Il faut bien avouer que le tout est remarquablement fait. On retrouve le style littéraire de Kafka dans une narration adaptée et très fluide. Le rythme de l’histoire est bien choisi et le suspense bien amené. Les personnages sont dessinés peu à peu et la tension monte au fur et à mesure des pages.
Le problème qui risquait de se poser avec cette adaptation était le huis clos formel de l’ensemble. Ainsi, la majorité des faits se passent dans une seule pièce. En cela, les auteurs ont su éviter toute lassitude du lecteur. C’est assez remarquable. Afin de casser la monotonie de l’ensemble, de nombreuses cases sont imbriquées et désaxées. D’abord vécu comme une fantaisie, il faut bien avouer que cette originalité est la bienvenue. Non seulement elle dynamise l’ensemble, mais elle donne également une particularité à l’ouvrage.
Concernant Horne, j’ai bien apprécié son trait tout en ombres. Il convient parfaitement à l’histoire, somme toute très sombre. Ses perspectives plongeantes donnent régulièrement le vertige au lecteur. La gamme de couleurs utilisée, dans des tons bien ternes, renforce le malaise du lecteur.
Cependant, je reste plus dubitatif sur l’intérêt réel d’une adaptation de la nouvelle en elle-même. J’ai plus l’impression d’un exercice de style qu’autre chose. Peut-être que le fait que j’avais déjà lu « La métamorphose » m’a fait lire cette bande-dessinée comme une curiosité.
Au final, cette adaptation est réussie. Corbeyran a su donner du rythme et de la tension à l’œuvre de Kafka et Horne l’a dessiné avec beaucoup de talent. Après lecture de l’ouvrage, on s’aperçoit que cette adaptation n’était pas si simple à réaliser. En cela, les auteurs ont réussi leur pari.