Évoquer la suite directe d’une œuvre n’est pas forcément simple si l’on veut éviter d’en révéler l’intrigue au lecteur scandalisé. Tâchons d’éviter ça avec Aâma et La multitude invisible, suite directe de L’odeur de la poussière chaude.

J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de cette BD de Frederik Peeters : son univers étrange, son scénario intriguant, ses personnages étonnants, parfois émouvants, et ses superbes dessins étaient annonciateurs d’une excellente série. A la fin du premier album, la question était donc de savoir si la promesse serait tenue. Mais justement, où en étions-nous ? Lorsque La multitude invisible débute, Verloc, son frère Conrad et le robot Churchill sont en compagnie d’une petite équipe de colons en piteux état après avoir été laissée à elle-même pendant des années sur la lointaine planète Ona(ji). D’ailleurs, certains de ses membres ont fichu le camp avec une technologie potentiellement révolutionnaire, Aâma, et nul ne sait ce qu’ils sont devenus. Une expédition se met donc en place, pour les retrouver mais aussi pour élucider un ou deux phénomènes mystérieux.

La narration continue de se dérouler sur trois plans. L’essentiel d’Aâma est en fait un long flashback, brièvement interrompu par les remarques de Verloc, étonné par ce qu’il lit dans son carnet de notes. Il y découvre non seulement le déroulement de l’expédition, mais aussi le récit de son ancienne vie avec sa femme et sa fille. Aucun risque de se perdre par contre, tout est fluide et le rythme impeccable. Quant à l’histoire, elle se révèle aussi passionnante que prévue et l’univers exploré se fait de plus en plus étrange voire inquiétant, évoquant maintenant davantage l’hallucination biologique que la contemplation du cosmos.

En gros, c’est de la balle. La multitude invisible confirme largement le potentiel de son prédécesseur, évite de tourner en rond, creuse un peu plus profondément certains sujets et annonce une suite mouvementée qui me fait déjà froid dans le dos. En tout cas, le marchand de BD du coin risque de revoir ma tête sous peu.
Nonivuniconnu
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le 28 avr. 2014

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