Franchement si je m'attendais à ça.
Que je vous explique. J'aime bien Hickman et les premières preview illustrées par le trop méconnu Nick Dragotta m'avait mis l'eau à la bouche.
Cependant , je restais méfiant.
Jonathan Hickman est un scénariste passionnant mais qui a les défauts de ses qualités.
Si on prend ses travaux chez Marvel, on lui découvre une tendance toute particulière pour choyer des concepts assez hallucinants, souvent très élaborés mais qui demandent du temps et de la patience aux lecteurs pour en apercevoir toutes les finalités.
L'autre soucis , c'est qu'à force de choyer cet aspect , il en oublie d'en faire autant sur ses personnages qui deviennent parfois des coquilles un peu vides au service d'une histoire ambitieuse.
J'étais persuadé de retrouver tout cela dans East of West et je m'attendais donc à quelques numéros de rodage.
C'est d'ailleurs un des aspect qui , pour moi , allait nuire au succès (pour la VF) de cette série.
Et après la lecture de ce premier tome, une conclusion s'impose : il n'en est rien.
East of West est un peu le condensé du meilleur de Hickman avec en prime un vrai travail sur les personnages , choses à laquelle il m'avait assez peu habitué.
Le concept d'East of West est étonnement simple (en tout cas à première vue) et il est surtout soutenu par des thématiques qu'on connaît déjà assez bien ( Western, les cavaliers de l'apocalypse, Saintes écritures etc, etc, )
Simple mais élaboré et efficace, il ne tombe pas dans ses dérives scientifiques et ne noie pas son lecteur de dialogues plus ou moins soporifiques.
Et surtout, ça bouge. Les événements s’enchaînent et ne mettent pas un temps incalculable pour trouver leurs conclusions.
Franchement soyons honnête, rien qu'avec les idées de ce tome , un mec comme Bendis aurait surement dilué ça en 2 voire 3 volumes (et j'exagère à peine)
Avec Hickman, vous en aurez pour votre argent. Il s'en passe des choses, beaucoup de choses dont il est difficile de parler sans spoiler. Et plus on en apprend, plus l'intrigue s'étoffe. Les pions se mettent en place et chacun à son rôle à jouer souvent avec brio.
Ensuite, comment ne pas parler de cette galerie de personnage. Que ça soit notre trio avec le "héros" ultra charismatique , touchant de par sa destiné et sa quête, que ça soit Xiaolian symbole par excellence de la femme forte ou l’énigmatique Chambellain ( et comment oublier les cavaliers de l'apocalypse ), Hickman fait ce qu'il n'a jamais fait : apporter autant de soin au casting qu'à l'aventure.
Il peut même être drôle parfois.. Si, si , je vous jure.
Jonathan Hickman prouve avec East of West qu'il peut être efficace tout en gardant une certaine "ambition" ( qu'on retrouve plus dans son univers, la multiplicité des thèmes abordés et sa narration avec l'utilisation des pages blanches comme coupure narrative)
Il en plus soutenu par les sublimes dessins de Nick Dragotta qui sont à l'image de son récit.
Un peu comme pour le premier tome de "la cour des hiboux", j'ai l'impression de ressentir une vraie osmose entre le scénario, le dessin et (ne l’oublions pas) les couleurs de Frank Martin.
Après Saga et dans une moindre mesure Casanova, Image nous offre encore une pépite et prouve que si y a bien un éditeur à suivre en ce moment, c'est bien lui ( et merci à Urban de prendre le relais en adaptant cela avec toujours beaucoup de sérieux)
Premier coup de cœur "nouveauté" pour l'année 2014, je n'attend qu'une chose maintenant : le tome 2