Conan assiste à une rixe dans une taverne d’Argos, entre un capitaine de la garde royale et un jeune mercenaire qui défend sa compagne. Celle-ci se termine par la mort du soldat et la fuite des amants. Seulement, voilà, le fuyard est un ami de Conan et le juge chargé d’instruire l’affaire l’apprend. Il somme donc notre héros de révéler où il se cache mais, comme c’est un homme d’honneur, il refuse, ce qui met le juge très en colère. Pour apaiser son courroux, il ne trouve rien de mieux à faire que de lui couper la tête. Il n’a plus qu’une chose à faire, fuir la ville en se frayant un chemin sanglant pour échapper à ses poursuivants…
Bien sûr, cela ne s’arrête pas là et en fait, je viens juste de vous résumer les +/- 20 premières cases de l’album. L’histoire ne fait donc que commencer et amènera notre héros à croiser la route de sa reine de la côte noire. Comme vous le voyez en peu de temps, Conan a le chic pour être entrainé dans des aventures pittoresques qui le mettent en danger et qui vont le guider vers un destin d’exception. On apprend en lisant les pages, qui se trouvent à la suite de la BD et qui ont été écrites par Patrice Louinet (spécialiste mondial du sujet et un des directeurs de cette collection), que cet homme sorti tout droit de l’imagination de Robert E. Howard, a été capitaine de mercenaires, corsaires, kozak, vagabond sans le sou, général et bien d’autres choses encore durant sa vie.
Pour l’un des 1er oneshot de cette collection consacrée au Cimmérien, l’adaptation de la 6ème nouvelle de l’écrivain était une décision judicieuse de la part du scénariste (qui est aussi un autre directeur de la collection), puisqu’elle permet d’introduire très vite le personnage, la façon dont agit et réagit notre héros sauvage, sincère et entier face à ces hommes que l’on dit civilisés. Le scénariste, Jean David Morvan, utilise par moment un style très littéraire, voire lyrique, qui semble provenir d’un roman (directement de l’histoire originale de Howard ?) mais sur d’autres planches, le style change pour redevenir plus adapté au format BD. La narration tient en éveil l’intérêt du lecteur. C’est une bande dessinée qui se lit très vite, non qu’elle soit facile à lire mais plutôt qu’elle tient en haleine et donne envie d’en connaitre la fin.
Sorti en même temps que « Le Colosse Noir » par Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat , j’ai préféré commencé par celui-ci puisqu’il a été illustré par Pierre Alary dont j’ai beaucoup apprécié les dessins sur SinBad, Belladone ou Silas Corey. Son coup de crayon est certes habituellement « cartoonesque » mais ici, il est un peu moins lisse et plus sauvage. Néanmoins, son Conan semble moins massif et bodybuildé que celui incarné par Schwarzi pour le cinéma. Sous sa plume, le personnage est plus charismatique que véritablement séduisant.
De plus, l’auteur nous gratifie de quelques superbes doubles pages qui accrochent le regard. Le découpage des cases est assez original et dynamique, certainement pour renforcer l’action qui règne dans tout cet album. Enfin les couleurs de Sergio Sedyas sont vraiment belles et donnent des effets esthétiquement, très réussis. La dernière pleine page clôture avec brio cette aventure.
Je n’ai pas lu cette nouvelle de Robert E. Howard mais comme avec d’autres adaptations BD (la peur géante, par exemple), cela m’a donné envie de la lire. Bien que je ne sois pas très porté sur l’horreur et le sanglant, je trouve intéressant le fait que cela soit combiné à de l’action pour proposer une aventure épique.
Version illustrée :
http://www.artefact-blog-bd.com/recit-complet/la-reine-de-la-cote-noire/
Interview de Pierre Alary :
http://www.artefact-blog-bd.com/auteurs-bd/pierre-alary/