Une bande-dessinée pour les amateurs de littérature

Tom Gauld nous a habitué à ces strips dessinés pour des journaux. Comme par le passé, « La revanche des bibliothécaires » est un recueil de ceux parus sur ces dernières années (notamment les années de pandémie). Très axé littérature, l’amateur de l’auteur ne sera pas dépaysé avec ce nouvel ouvrage paru chez 2024, dans ce format à l’italienne élégant.

Tom Gauld, c’est une mécanique bien huilée. Un dessin simple, fait de petites silhouettes et de petits traits, de personnages aisément interchangeables. Nous pouvons avoir droit à un strip de quatre images, une illustration ou même une infographie. Tom Gauld aime les listes, les plus absurdes possibles d’ailleurs.

Nous avons droit à 180 strips quasiment exclusivement sur la littérature. On y trouve à la fois des histoires sur les écrivains, les lecteurs, les bibliothécaires, les éditeurs, les critiques… Tout le monde en prend pour son grade, avec un humour sarcastique qui tend vers l’absurde. C’est souvent drôle et les sourires ne sont pas rares. C’est la suite logique de « Vous êtes tous jaloux de mon jet pack » et « En cuisine avec Kafka ».

Malgré tout, l’abondance de strips et leur sujet limité (surtout que l’auteur l’a déjà maintes fois traités) entraîne une certaine redondance. Si le début de lecture du livre est particulièrement agréable, la fin nous semble plus en pilotage automatique (malgré quelques perles bien évidemment). Le système de changement des titres de livres, par exemple, est percutant la première fois, beaucoup moins à la troisième. Malgré tout, l’auteur parvient à nous capter par cette connivence de lecteurs littéraires qu’il instaure. Les strips sont plein de références pour l’amateur de grands livres.

Le dessin de Tom Gauld est reconnaissable immédiatement et convient très bien au propos. Simple, mais lisible, presque iconographique par moment, on sent un auteur en pleine possession de ses moyens qui sait parfaitement ce qu’il fait.

« La revanche des bibliothécaires » plaira sans nul doute à ceux qui avaient déjà apprécié les précédents ouvrages de Tom Gauld. Il n’apporte cependant rien de véritablement neuf. On ne peut pas vraiment parler d’essoufflement tant l’auteur garde sa pertinence. Un livre à feuilleter de temps en temps, mais mieux vaut éviter de le lire d’une traite.