en imaginant un mélange entre un récit fantastique d'un enfant un peu trop coké et une critique acerbe d'une communauté rongée par ses propres principes, on peut estimer toucher du doigt ce que propose La tour des miracles.


Sur beaucoup de points, cette bande dessinée ressemble à ce qu'on attend d'une chanson mi-poétique mi-paillarde d'un Brassens au sommet de sa gloire. Personnifiés par le trait de Etienne Davodeau, on retrouvera d'ailleurs certains personnages de textes comme Corne d'Auroch.
En bref, on parle ici d'une histoire originale de Georges Brassens, reprise par deux auteurs qui s'attachent à dépeindre au mieux le quotidien du fourre-tout social représenté par la communauté de l'abbaye Gré-du-Vent.


 Une série de portraits dressés à la va-vite, une tour aussi surréaliste que l'aspect de ses occupants, un dessin parfois grossier, voir rebutant, soulignant les traits les plus caractériels du monde ouvert de *La tour des miracles*; rien de prometteur à l'horizon lorsqu'on feuillette les premières pages de l'ouvrage.  Comme le précisera Tonton Georges lui-même, "Mais il faut prévenir l'amateur : c'est farci de fautes de goût, et même de fautes tout court.". Aucune action ne vient vraiment diversifier le rythme, les descriptions s’enchaînent, imperturbables, décrivant un tour d'horizon de figures toutes plus maladives, perturbantes, absurdes, les unes que les autres. On peut s'attacher à celui-ci qui saute du 6ième étage sur des obèses déambulant dans la rue pour amortir sa chute, à celui-là, estropié des membres inférieurs, qui gravit les escaliers comme un damné. Et au milieu de tous, l'avatar de Brassens, calme et imposant, vit sa vie de patachon dans son habitat irréel, véritable élément du décors. L'univers s'impose alors comme une table mal dressée: ça ne ressemble à rien, mais tout y est. 

Pas si absurbe, cependant. La communauté chaotique formée par les habitants de la tour semble s'apaiser au gré d'accords tacites, et l'atmosphère qui s'en dégage serait alors presque agréable, bien que toujours aussi étrangement maladive, comme si les protagonistes se savaient voués à un sort dont aucune confidence ne pourrait se faire auprès du lecteur. Plusieurs lectures de cet ouvrage sont possibles, et peut être toutes d'autant plus approfondies pour qui connait l'oeuvre de Brassens; mais ici il peut être intéressant de se détacher du personnage à la pipe, emblématique, pour s'attacher à ses créations devenues concitoyennes, qui prennent vie à ses côtés, et qui semblent vouloir rappeler qu'il est concevable d'envisager cet ouvrage en dehors de son contexte.


Il faut souligner avant de conclure que le trait du dessinateur contribue largement à parfaire l'impression d'étrange qui règne entre la 1iere et la 4ieme de couverture. Parfois, les visages semblent figés, presque stupéfaits, on en vient à douter de si les personnages savent ce qu'ils font dans cette tour, et si les mots s'assemblent logiquement dans la même case, c'est que ceux-là s'imposent aux pensée des citoyens de la tour. Ailleurs, les couleurs pastel veulent peut être suggérer une mélancolie dans le fond des pupilles sombres d'un Brassens spectateur des divagations et frénésies de ses créations fantoches devenues autonomes en gestes et pensées, mais où elles ne semblent pas déterminées à faire grand chose de plus que délirer. Partout, c'est avec tendresse et amusement qu'on parcoure l'étrange vie de ce tableau fantastique où le peintre se glisse entre les contours des cases.


les abonnés si ça vous intéresse j'ai la BD chez moi, libre à l'emprunt, gros bisous

Zianalyse
9
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le 6 mars 2022

Critique lue 35 fois

Zianalyse

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