IR$, une série qui n'offre pas des aventures exceptionnelles, plutôt des diptyques plaisants développant leur petite histoire. Mais IR$ a bien plus à offrir, à commencer par un héros fort. Et par fort j'entends à la personnalité puissante, passionnante car unique, cette catégorie de héros dans laquelle je classerai XIII ou Debrah Faith en bande dessinée. Et surtout il y a cette intrigue, au départ annexe, puis prépondérante, qui concerne Gloria...
IR$ est la bande dessinée au début le plus atypique que je connaisse, et pourtant, d'entrée elle présente le meilleur d'elle-même avec ces deux premières pages. Le matin, un homme se prépare à aller au travail, il sort de la douche, il choisit une paire parmi son abondante collection de chaussures, n'oublie pas son arme rangée dans un réfrigérateur quasiment vide, puis monte dans sa voiture. Et pendant tout ce temps, on le voit téléphoner, composer un téléphone rose, payer le prix demandé et accéder à Gloria Paradise. Une femme dont on ne sait rien, qu'on ne voit pas, qui de son côté n'en sait pas plus que nous sur ce héros mystérieux, et pourtant le dialogue s'engage, pas sur le sexe, justement sur notre héros.
Vous êtes un homme étrange Larry. Je pense que vous êtes beau, riche aussi. Et que vous n'avez pas le temps de rêver.
Tout au long des premiers albums, ces conversations anodines ponctueront l'aventure, des moments à l'atmosphère indicible, où un charme agit et calme la folie qui anime le reste des pages. Ce sont les seuls moments où notre héros, ordinateur froid, agent efficace et fermé, se livrera quelque peu. A l'autre bout du fil, on nous dépeint une femme fatale, quelque part en perdition pour être tombée si bas. Une femme sublime, dont le nom fait rêver, aux yeux verts incroyables ; une femme qui aime l'argent et le luxe mais qui va s'attacher à son client mystérieux pour une raison autre.