C'est un régal que cette série Le vent dans les saules ! Dès ce premier tome, où l'on suit les personnages de Taupe et de Rat, on est emporté par un air de nostalgie à l'anglo-saxonne. Le dessin rappelle assez Beatrix Potter, tout en apportant une touche plus drôle, moins naïve. Mais toute l'atmosphère qui baigne l'album évoque aussi les histoires et les personnages de Arnold Lobel (Hulul, Sept histoires de souris, Ranelot et Bufolet), mais aussi le Petit-Ours d'Else Minarik et Maurice Sendak.
C'est que, à travers l'histoire de Taupe qui décide par un beau matin, las de faire du ménage, d'aller se promener et découvre ainsi de nouveaux paysages et de nouveaux amis, Le vent dans les saules est une ode à la douceur de vivre, à l'amitié, au plaisir de prendre son temps. Ainsi les activités de Taupe et de Rat - promenades, pique-nique, thé à cinq heures - se déroulent-elles dans un climat à la fois joyeux et serein.
Mais c'est sans compter sur l'apparition de Crapaud, qui, loin d'être aussi pantouflard que Rat, cultive la monomanie et le goût de l'aventure. Crapaud a la bougeotte et, c'est certain, il a un grain. Il est donc l'élément qui apporte un peu de folie dans cet univers confortable (ah, ces intérieurs douillets à l'anglaise !) Ce qui convient très bien à Taupe qui n'est pas aussi casanier que Rat et ne dédaigne pas se lancer dans quelques péripéties par-ci par là. La curiosité de Taupe le conduira d'ailleurs à vouloir faire la connaissance du mystérieux Blaireau coûte que coûte, et à s'aventurer dans le Bois sauvage...
Sous des dehors rassurants à l'ancienne, Michel Plessix s'autorise une certaine liberté de ton dans le texte et dans le graphisme. Non seulement Le vent des saules n'est pas dénué d'humour, mais il dévoile par moments une manière bien personnelle, par exemple dans les gros plans sur les personnages, ou dans le décalage texte/dessin (le texte disant quelque chose, le dessin le contredisant). On a d'ailleurs tendance à considérer cette série comme destinée à la jeunesse. Je la considère plutôt tout public, ne serait-ce que parce que le texte, par moments, n'est pas complètement accessible aux plus jeunes (notamment certaines remarques au ton humoristique). On peut donc le lire à tout âge, chacun y glanant ce qui lui convient.