Bell d'ailleurs, de l'utilité de la monarchie et du triomphe macaque
Alors que Bell dans son obscur appartement londonien ressasse ses souvenirs et sombres pensées dans le désoeuvrement, on lui annonce l'arrivée d'un singe sur les docks, le détail somme toute assez peu notable de ses 5 mètres de hauteur ne changent pas la décision de Bell, préférant laisser ces broutilles à l'inspecteur Mazok.
Cependant quand son ami, Ossour, un Français revenant du Siam lui confie qu'il souhaitait lui faire cadeau d'un étrange animal, Bell comprend qu'il est temps d'intervenir pour retrouver et en savoir un peu plus sur le Roi des singes ...
Cet album, qui laisse Sfar au scénario mais place Tanquerelle au dessin, est une transition réussie, Tanquerelle a su s'approprier les personnages, affinant le trait, sans les dénaturer et perturber le lecteur. Prenant, toujours incisif, un peu moins d'humour que dans le tome précédent mais beaucoup plus sombre aussi, le rythme est intact malgré une action moins mouvementée, Bell est ici plus spectateur de cette étrange rencontre entre la "civilisation" et cet intriguant primate.
C'est d'ailleurs aussi l'occasion d'enfin donner un visage à un ennemi qui resurgira par la suite : Adam Worth. Ce baron du crime aux pattes un peu sales (peu importe, l'argent n'a pas d'odeur), au regard sombre et à la moustache blanche. On l'avait entraperçu masqué dans le tome 2, on développe ici un peu sa personnalité et son histoire en le présentant comme un adversaire récurrent.
On garde donc cette bonne recette, quelques bonnes blagues, on calme un peu le rythme et on assombrit, on ajoute un peu de gras et Mazock a le tort de conserver ce coté religieux; amusant à défaut d'être passionnant, cet album est une réussite qui manque un peu de saveur mais qui dans comme l'ensemble de sa lignée, vaut le coup d'oeil appréciateur.
Tome 2 : http://www.senscritique.com/bd/Les_Poupees_de_Jerusalem_Professeur_Bell_tome_2/critique/12828013