D'un rêve féminin à un fantasme masculin

On rentre dans l’univers, on vit le quotidien de Séverine. Cette vie pépère, cette invisibilité dans le regard des hommes et pour l’avoir vécu, je le trouve bien dessiné. On voit à travers ses yeux son quotidien monotone et cela fait du bien.

De même, à partir du moment où elle met ce chemisier qui l’a met en valeur, on voit ses regards qui changent et qui font du bien. Idem, je m’y reconnais. Je l’ai vécu et je l’ai apprécié et je l’apprécie toujours. Sentir que l’on plait c’est très plaisant.

Le rêve féminin d'un vêtement qui nous rend belle est une réalité. Exploitée dans les films, les publicités et bien évidemment dans la mode, cette envie d'être belle alors que l'on est "lambda", d'attirer les regards alors que l'on passait inaperçu est ainsi très bien retranscrite dans la BD.

À ce stade, je voulais mettre 9/10.

Puis le dessin change. On ne montre plus ce qu’elle vit mais comment elle est vue. D’un seul coup, elle est érotisée et on l’a voit à travers le regard des hommes. Elle devient un fantasme masculin.

D’un seul coup le scénario est différent : elle est passive du regard des hommes, agit selon ce fantasme masculin du “non qui veut dire oui”. Étudiante, elle plonge dans les bras de plusieurs hommes plus vieux qu’elle d’au moins 20 ans. Elle se laisse prendre au lit comme ils le souhaitent. Elle est passive, elle cède à ce regard masculin et n’est plus actrice de son destin.

Je comprends bien que ce soit plus excitant pour certains hommes à dessiner et à lire. Mais devinez quoi, ce n’est l’est pas forcément pour toutes les femmes. Personnellement, cela m’a ramené à un ressenti d’impuissance. Une réduction à un objet de désir et non à un être plein d’envies.

J’aurai aimé la voir larguer son mec (et non partir à la sauvette), draguer un inconnu, certes, mais étudiant comme elle, pourquoi pas le pote de son mec. Des jeunes bordel ! Sortir et s’affirmer grâce à son beau chemiser. Être actrice de son destin.

Du coup, la note baisse tristement pour un 6/10.

J’ajouterai que ce n’est pas par pudeur que je n’ai pas aimé les scènes de sexe. Au contraire, j’en suis amatrice notamment en BD. Mais là, en l’occurrence, je les ai vécu comme des moments de contraintes et non libérateur.
Le sexe, l’amour et la passion hétérosexuelle peuvent être tellement beaux...

L'auteur a bien entendu le droit de dessiner un fantasme masculin. Je ne remets pas cela en cause.
Tout comme la lectrice a le droit de dire qu'elle a été mal à l'aise une partie de la BD et qu'elle ne s'y est pas retrouvée. ^^