Mélanger du dessin et de vraies images est un procédé peu utilisé en bande dessinée car c'est une association risquée ou le style du dessinateur peut en pâtir. Bernar Yslaire ,en utilisant les journaux télévisés au moment de la deuxième guerre en Irak, s'en sort pourtant bien. L'unité de lieu est une chambre d'hôtel au Hilton de Bruxelles où deux amants feraient l'amour (l'hypothétique est bien entendu de la partie)du 17 mars au 10 Avril 2003 (pas anodin non plus)pendant que les missiles fusent et que les bombardements font rage jusqu'à la prise de Bagdad.C'est le premier rapprochement avec le proverbe faites l'amour,pas la guerre surtout que nos deux amoureux sont un Juif à la chevelure blanche et une jeune kamikaze ceinturée d'explosifs. Dans sa note d'auteur à la fin de son album, Yslaire précise qu'il n'a pas voulu polémiquer en mettant dans la même couche deux peuples supposés ennemis. Il appuie aussi ce propos en retrouvant Jules et Fadiya à la nuit des temps mais aussi sur un check point entre deux pays en 2019 en prouvant que de tout temps des histoires d'amour ont uni des Juifs (appelés aussi Kazars) et des arabes. L'optique d'Yslaire demeure de suggérer que l'amour mixte est aussi plus fort que la guerre, les religions exacerbées et il reprendra aussi l'exemple de John et Yoko, ombres échos de l'union de Jules et de Fadiya. Au final, une bande dessinée qui prône la communion spirituelle et charnelle d'un homme et d'une femme au delà de leurs origines respectives et toujours la même sensualité graphique propre au dessin d'Yslaire qui a réussi à quitter les Sambre pour réincarner des personnages à une autre époque et pour d'autres raisons. Il est aussi utile de préciser que l'auteur ne cherche pas à mettre de l'huile sur le feu, à caricaturer les kamikazes qui décident de donner leurs vies pour le Djihad, simplement de voir son travail comme une exposition objective et empathique des personnes choisissant d'embrasser ces destins funestes. Je conseillerai cet album aux lecteurs connaissant la série des Sambre pour apprécier le renouveau stylistique d'Yslaire et à ceux qui recherchent des points d'ancrage face à l'actualité quotidienne émaillée de conflits dont les buts sont dérisoires face à l'essence même de la vie.
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le 28 févr. 2015

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