Le Cri du peuple : Intégrale par gildrouville
Quand Tardi raconte la commune, il y a du sang, des explosions, des larmes et le Cri du Peuple. Durant les quatre Tomes , Vautrin et Tardi dressent une galerie de personnages dont l’histoire avec un petit « h » rentre en collision avec l’Histoire qui s’écrit à grand coup de hache.
Résumé (source éditeur) :
Le récit s’ouvre à l’aube de la Commune de Paris, alors que monte la rumeur de la révolte et de l’espoir du peuple. Le cadavre d’une femme, serrant dans sa main un œil de verre portant le numéro 13, est découvert dans la Seine. Les polices secrètes mènent l’enquête tout en se livrant une guerre sans merci. Dans cette atmosphère survoltée et confuse, les protagonistes vont au-devant de leurs destins respectifs : Grondin a fait 20 ans de bagne et cherche celui dont il croit avoir endossé le crime. Théophile Mirecourt, le photographe, officie sur les barricades pour Le Cri du Peuple, le journal de Jules Vallès. Il se lie d’amitié avec le Capitaine Tarpagnan, qui lui-même risquera sa vie en tombant amoureux de “CafConc“, une belle aperçue le temps d’un mouvement de foule… Ainsi une multitude de personnages se croisent, se cherchent, s’affrontent ou s’évitent, leurs destinées se mêlent et peu à peu l’intrigue se noue sur fond de barricades, au son des chants révolutionnaires et des cris de tous les Gavroches.
Mon avis :
Pour moi, il a fallu d’abord comprendre le contexte de cette France de 1871, et un peu de recherche s’impose ( et ça ne vous fera pas de mal un peu de culture) et comme je suis gentil, voici déjà un lien vers Wikipédia : La Commune de Paris 1871
Pour en revenir aux livres, nous suivons plus particulièrement deux personnages principaux, Tarpagnan et Grondin. Ce dernier est en fait le notaire Bassicoussé, revenu du bagne où il purgeait une peine pour le meutre de sa pupille Jeanne. Il pense que le véritable meurtrier n’est autre que Tarpagnan qui a abandonné la pauvre Jeanne au pied de l’autel. Bien décidé de se venger, Grondin/Bassicoussé compte bien retrouver le militaire.
De son coté Tarpagnan déserte pour rejoindre la Commune. Il fera la connaissance de Caf’Conc’, de son vrai nom Gabriella Pucci. Ils tombent amoureux, mais le maquereau de Gabriella ne l’entend pas de cette oreille. Et s’il ne peut avoir Gabriella pour lui, alors tous les hommes pourront l’avoir. Il l’a fait enfermer dans le pire bordel de Paris.
C’est aussi l’occasion de croiser Louise Michel, Jule Vallés – fondateur du Cri du Peuple, Mirecourt le photographe, Hippolyte le policier, Ziquet… Une galerie de personnage entre réalité et fiction avec des histoires qui s’entremêlent et où chacun croise l’autre et apporte une consistance supplémentaire au récit.
En 4 tomes, les auteurs font monter la pression et nous plongent dans l’horreur de cette partie de l’histoire, cette insurrection civile. Ca fusille à tout va. Aucune pitié dans les deux camps. Et pourtant, on se laisse à suivre les personnages dans leurs quêtes et leurs vengeances personnelles.
Le dessin de Tardi, tout en noir et blanc, nous plonge dans le cauchemar de ces mois de mars à mai 1871. Dans les deux derniers tomes, il n’hésite pas à montrer l’horreur à son paroxisme : Dans le tome 3, alors que Téophile Mirecourt, photographe pour le cri du peuple, prend un un instantané d’une femme allaitant son bébé, une explosion les déchiquète et Tardi dessine le corps de l’enfant…
Dans le tome 4, c’est l’inhumanité des soldats de Thiers qui entrent dans Paris et se vengent… y compris sur les enfants.
Le format à l’italienne de l’ouvrage est appréciable pour les cases en panoramique et donne un rythme plus rapide de lecture (même si ce n’est pas facile de lire au lit). J’ai aussi apprécié le langage vert, la gouaille des communards et les noms d’oiseaux contre Thiers et ses généraux, ainsi que le coté « feuilletonnant » des 4 tomes.