Ceux qui sont restés
Plutôt que de partir dans l'espace lointain, Mobidic préfère nous montrer celles et ceux qui sont restés sur Terre lors du grand Exode. On suit les aventures d'Hermès (dans ma tête, j'ai traduit...
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le 2 juil. 2020
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« Roi Ours » avait été une première bande-dessinée très réussie. Mobidic avait su allier une histoire originale avec un style graphique maîtrisé et personnel. C’est avec plaisir que nous la retrouvons 5 ans plus tard pour un nouveau one-shot intitulé « Le Culte de Mars ». Rien qu’avec la couverture, on reconnaît la patte de l’auteure, tant dans les couleurs que dans le trait. Le tout pèse une petite centaine de pages et est paru chez Delcourt.
Après avoir épuisé les ressources de la planète, les hommes sont partis sur Mars. Enfin, certains hommes. Depuis, les autres attendent sur Terre qu’ils reviennent les chercher. Se développent des cultes, des légendes, des espoirs tournés à la fois vers le passé et vers un ailleurs. Au milieu de ça, le bien nommé Hermès est le messager. Il parcourt le monde et retranscrit le savoir des anciens afin qu’il ne soit pas perdu irrémédiablement.
« Le Culte de Mars » met en lumière une nouvelle fois chez Mobidic la critique des cultes et des croyances (et notamment les sacrifices humains qui reviennent une nouvelle fois après « Roi ours »). C’est aussi un message pour aller de l’avant : rester fermé sur un passé glorieux empêche d’avancer. Il va sans dire que cette BD est pleinement ancrée dans les problématiques d’aujourd’hui, où la notion de surexploitation des ressources est bien présente. Mais Mobidic évite l’écueil d’une fable écologiste. Dans l’ouvrage, la Terre a déjà été vidé de ses substances et… d’une bonne partie de l’humanité.
L’ouvrage nous permet de découvrir peu à peu cette nouvelle terre au travers des yeux d’Hermès. Il nous en reste un petit goût d’inachevé. Le monde d’après est peu développé et l’empreinte de l’humanité quasiment inexistante. On parle bien de téléphones qui ne s’allument pas ou de la redécouverte du vélo, mais ça ne va pas très loin. Même chose pour les cultes qui sont vus de loin comme des cultes essentiellement barbares. La place accordée à l’idylle entre Hermès et Caroline est peut-être trop importante. Certes, le fait que Caroline soit sourde y apporte un intérêt particulier, mais aussi une certaine lourdeur.
Le dessin est toujours réussi. Mais « Roi ours » m’avait captivé notamment par son dessin anthropomorphe. Ici, on se contentera d’humains. Le dessin reste clairement un point fort de l’ouvrage, mais je l’ai trouvé moins réussi que dans le précédent. Je garde la même impression d’un encrage très (trop ?) épais. Même chose pour les textes. Comme si la bande-dessinée avait été imprimée sur un format trop grand. Les couleurs sont très douces, avec de belles tonalités. J’ai juste un bémol à signaler sur les scènes de nuit qui m’ont parue trop sombres. Un problème de calibrage à l’impression ?
« Le Culte de Mars », malgré quelques scènes violentes, m’a donné l’impression d’ouvrage jeunesse. Impression renforcée par la couverture qui semble aussi aller dans ce sens. L’ouvrage construit pleinement la personnalité d’une auteure avec ce deuxième livre qui complète « Roi ours » sur la folie des hommes et de leurs cultes.
Créée
le 29 juin 2020
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