Bon, c'est vrai, je me faisais presque une joie de défoncer ce nouvel opus de Snyder après son arc des hiboux qui a juste été surestimé puissance 1000. Mais ce coup-ci, même certains fans de l'auteur ont trouvé ce retour du Joker particulièrement vain. En toute logique, je me disais donc que ça allait être extrêmement mauvais... Ben faut croire que je suis toujours à contre-courant, moi, parce que j'ai trouvé cet album plutôt bon.
C'est la première histoire que je lis avec le Joker nouvelle génération, et il n'y a pas que le visage arraché (graphiquement fascinant, bravo Capullo sur ce coup !) qui soit vraiment glauque. La psychologie du super-méchant le plus connu de tous les temps a elle aussi bien empirée. Je crois d'ailleurs que c'est la première fois que je trouve le Joker vraiment effrayant. Ca reste grand public, évidemment (n'oublions pas que nous sommes dans la série principale de Batman, pas dans un album indépendant) mais il y a de vraies fulgurances malsaines auxquelles je ne m'attendais pas. Qu'est-ce que c'est bon !
Comme d'hab avec Snyder, il y a bien quelques problèmes de logique avec le scénar', mais le tout reste pourtant très prenant. Le ratio action/réflexion est bien équilibré et le plan du Joker permet une nouvelle rétrospective de la relation qui unit Batman à sa Nemesis. Et autant dire que je suis friand de ce genre de choses quand c'est bien fait, comme ici.
L'histoire se présente comme une méta-analyse du Batman moderne, affublé d'un tas de super-compagnons qui l'alourdissent. Le Joker est nostalgique des débuts, quand le Chevalier Noir était encore un héros solitaire. Pour une fois, je dois bien avouer que je partage complètement le mode de pensée du clown meurtrier...
Nous avons donc droit à des dialogues savoureux où le Bouffon annonce à son Roi tout ce qui ne va pas dans son nouveau règne. C'est bien écrit, on ne décroche plus et même la fin se permet d'être surprenante.
Difficile de bouleverser le statu-quo quasi obligatoire de la série, mais Snyder procède avec suffisamment de subtilité pour que cette histoire ne reste pas vaine. Je ne comprends décidément pas toujours les critiques mais je peux carrément affirmer que cette histoire est meilleure, par exemple, que le Killing Joke d'Alan Moore, auquel l'histoire de Snyder fait d'ailleurs référence.
Que mon avis enthousiaste ne vous trompe pas: je reste très dubitatif au sujet du prochain opus: le Year Zero qui ose marcher sur le mythe de Miller...