Il y a comme ça des bandes dessinées qui se vivent plus qu’elles ne lisent, l’atmosphère qu’elles explorent devient presque palpable et prend vie case après case. Bourbon Street est de celles-là, petit chef-d’œuvre parfaitement inconnu explorant, sur fond de musique jazz, les thèmes de la rédemption, de l’abandon et de la ségrégation dans le sud des U.S.A.

Ils étaient quatre, jeunes musiciens de jazz de la Nouvelle-Orléans, qu’on imagine tous aussi talentueux que leurs illustres ainés. Il leur a juste manqué un petit coup de pouce de la providence pour que leur talent puisse s’envoler et apporte de nouvelles notes à la grande histoire du jazz. Ils sont vieux désormais et Alvin décide que le quatuor doit de nouveau tenter sa chance dans le sillage du Buena Vista Social Club.

Là débute ce road movie dessiné qui sent la poussière, les clubs crasseux noyés dans la fumée de cigarettes, les femmes faciles et maquillées à la truelle. Car n’est pas une star qui veut, ce n’est pas parce-qu’on a roulé sa bosse étant jeune qu’on sera de nouveau autorisé à la rouler étant vieux. Ils se retrouvent vite cantonnés aux salles miteuses. D’autant que cette reformation du band fait ressortir un passé douloureux, teinté de racisme, d’amours interdites et de comptes non réglés, jusqu’à la révélation finale qui revient magistralement éclaircir le début de l’histoire en même temps qu’elle donne un coup dans l’estomac du lecteur.

Le dessin, c’est heureux, a de la personnalité et du cœur, la Nouvelle-Orléans et magnifique et laisse rêver à l’époque bénie où le jazz n’avait pas encore été remplacé par Lady Gaga (quel nom de scène je vous jure). Une époque où, si l’on n’était pas artiste, il ne fallait même pas pointer le bout de son nez chez un producteur. C’est tout cela cette bande-dessinée et bien plus encore, l’idéal est probablement de la lire en écoutant le légendaire The Avant-Garde qui donnera du relief à la lecture et en ouvrira tous les horizons.
Jambalaya
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le 22 juil. 2013

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