Le voici le dernier album du génialissime René Goscinny aux manettes de la saga Lucky Luke. Alors qu'ils sortent d'un chef d’œuvre d'originalité western (certainement clivant) avec L'Empereur Smith, l'un des plus beaux duos d'auteur/dessinateur du 9ème Art tirent leur révérence commune sur un retour aux sources de la série avec un grand nombre de reprises de scènes cultes.
Car oui, le Fil qui chante traite de la jonction du télégraphe entre l'Est et l'Ouest à Salt Lake City et reprend donc ce background de l'univers qui vient appuyer son histoire sur un épisode réel et fantasmé de la conquête de l'Amérique par les blancs.
Première grand référence d'album : Des Rails sur la prairie. Il est à nouveau ici question de soutien au progrès. Comme pour la percée du rail, le télégraphe est vu par la quasi unanimité des acteurs (maires, citoyens) comme un bienfait pour l'Amérique qu'il faut soutenir. Seuls les lésés du Pony Express (les facteurs à cheval qui traversaient le pays continent) font un peu la gueule. On voit même Lucky Luke se convertir en défenseur du fil qui chante en disant : "De toutes façons Jolly et moi, nous en avons assez du métier de facteur..." (planche 4).
Deuxième grande référence : En remontant le Mississippi car il s'agit d'une course entre deux clans, ceux de l'Ouest et de l'Est. La grande nuance étant que ce ne sont pas deux clans rivaux mais deux équipes qui se donnent le défi d'arriver en premier à Salt Lake City. On ne les voit donc pas "s'affronter" et on suit exclusivement les aventures du groupe de Lucky Luke.
Troisième grande référence : La Caravane. En effet, on vit l'aventure au sein de la joyeuse troupe qui subit des sabotages de matériels réguliers. On retrouve donc un personnage traitre qui sera dévoilé à la fin de l'album.
D'autres mini références sont à percevoir tels que le lac de sel de La Diligence.
L'aventure est sympathique, bien que classique, avec des airs de déjà vu si ce n'est de medley. Le découpage est de plus en plus moderne et l'humour est moins saillant que ce à quoi ce duo légendaire a pu nous habituer. A noter : le personnage de Lucky Luke assez sec et perturbant dans cet album qui se dit prêt à "songer à la quincaillerie" (planche 15) pour faire passer le télégraphe en territoire indien...et barbu des planches 39 à 42 ! Pas un album dans lequel Lucky est sympathique ni maestro.
Goscinny part donc sur un album classique et correct, sans plus, aux multiples références historiques à la saga mais avec assez peu d'originalité et d'épaisseur des persos, y compris Lucky Luke.
La thématique sera réutilisée dans un album plus récent, Le Pony Express.
Un grand merci pour tout au géant René.