Avril 1994, au Rwanda, le lendemain de la mort des présidents rwandais et burundais dans un avion abattu par un missile, un grand massacre débute dans le pays. 800 000 morts, principalement des Tutsis, tués par les Hutus.
Le 4 juillet 1994, le Front Patriotique Rwandais de Paul Kagame (des Tutsis) met fin au génocide en prenant Kigali, la capitale, ce qui provoque la fuite d'un million de Hutus vers la république Démocratique du Congo alors nommée le Zaïre. Parmi eux, des génocidaires, mais surtout des femmes et des enfants. Alice, cinq ans, fait partie des fuyards. Elle traversera le Zaïre d'est en ouest, plusieurs milliers de kilomètres à pieds.
Sans doute le résumé est-il trop succinct pour dire ce que fut le génocide rwandais. Les implications des uns et des autres furent moins claires que ce qu'il laisse penser, mais mon but est de replacer la fuite d'Alice dans le contexte et pas de faire une étude sur le massacre de 1994. Mais de quoi Alice et sa famille serait-elles coupables ? Ses parents exploitaient des terres avant qu'ils soient contraints de fuir.
L'album se concentre sur Alice et sa petite sœur qui va longtemps l'accompagner. Elles traversent des zones dangereuses, des forêts inhospitalières, avec beaucoup d'autres réfugiés, puis seules, ont la chance de rencontrer des gens qui les hébergent, les nourrissent, les soignent, mais pas toujours. Il y a aussi les camps des ONG.
Gaspard Talmasse réussit à transmettre la peur des petites filles, la solitude, la force incroyable qui les anime. Son ouvrage écrit et dessiné d'après les souvenirs d'Alice est donc une histoire -malheureusement- vécue qui peut s'élargir à tous les réfugiés actuels qui arrivent en Europe. Les conditions dans lesquelles ils arrivent et ce qu'ils ont traversé pour y parvenir prouvent s'il en était besoin qu'ils risquent leur vie pour échapper au pire. Et les pays européens, la France en particulier, de mégoter à leur offrir un statut digne.