Le jeu d'une réussite
J'espère sincèrement qu'on me pardonnera un titre aussi facile pour une adaptation de cette qualité...mettez ça sur le compte d'une lecture réellement déstabilisante. Le joueur d'échecs, roman...
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le 4 nov. 2017
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J'espère sincèrement qu'on me pardonnera un titre aussi facile pour une adaptation de cette qualité...mettez ça sur le compte d'une lecture réellement déstabilisante. Le joueur d'échecs, roman graphique adapté de l'oeuvre de Stefan Zweig par David Sala est une expérience de lecture marquante pour deux raisons. La première, c'est le choix du scénario qui est original et peut susciter un intérêt pour le romancier (on parle d'un classique...) et la deuxième c'est la qualité des planches qui nous font dire que parfois le silence et l'expressivité des personnages sont plus parlants que le texte.
L'histoire commence sur un paquebot au bord duquel plusieurs gentlemen sont passionnés d'échecs : un jeu des plus raffinés. Imaginez déjà les cigares et les verres d'alcool fort, les tables rondes et les costumes trois pièces. Vous-y êtes ? On continue...un joueur est repéré pour son talent. Or, il explique qu'il n'a pas joué depuis des années, et ce n'est pas de la fausse modestie. Cette histoire joue sur deux fronts : la partie d'échec qui va opposer ce quidam mystérieux à un champion (je ne spoile rien) et en même temps le parcours d'un inconnu tourmenté qui explique cette capacité d'anticipation dans le jeu. La raison en est aussi fascinante que tragique.
Concernant le graphisme, c'est comme si chaque planche était un tableau. Ne vous attendez pas à une mise en page de BD franco-belge classique, il y a plus souvent une importance donnée à la page dans sa globalité pour qu'ensuite l'oeil aille vers les détails. Si les couleurs sont assez sobres ce qui marque le plus c'est le soin donné à l'expression des visages...colère, concentration, tensions et folie n'ont pas besoin de mots pour se faire entendre. Le résultat m'a fait pensé (la comparaison n'appartient vraiment qu'à moi...je me garderai bien de généraliser) à un mélange entre certains portraits de Cézanne et les tableaux d'Otto Dix (voir The Goodbye to Hamburg). Le résultat ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais qu'on accroche ou non à ce style, c'est un travail de qualité.
En résumé, c'est bientôt Noël, même chez les esthètes, donc si vous cherchez un roman graphique qui parlera à un amateur de littérature et de peinture, ce livre est certainement l'adaptation qu'il lui faut. Et la majorité des libraires indépendants finiront de vous convaincre, sans doute plus qu'une tête de gondole dans un grand magasin (ou PIRE un site internet) vendant également des machines à café. Alors quoi qu'il arrive, ne vous perdez pas...
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le 4 nov. 2017
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