Le Magasin des suicides par belzaran
« Le magasin des suicides » est un roman de Jean Teulé. Il y narre le quotidien d’une famille qui s’occupe d’un commerce vendant de multiples moyens de mettre fin à ses jours. Mais voilà que le petit dernier, Alan, passe son temps à sourire et aime la vie… Un comble pour la famille Tuvache ! Après avoir vu l’adaptation en animation (qui ne m’avait pas pleinement convaincu malgré un thème des plus morbides), voilà donc l’adaptation en bande-dessinée. Elle est signée Olivier Ka (au scénario) et Domitille Collardey (au dessin) et est éditée aux éditions Delcourt.
Le principe du magasin des suicides est la noirceur de l’ensemble. Les Tuvache font la gueule, les suicidaires passent dans la boutique… Ainsi, la fille est une ado se trouvant moche et inutile, l’aîné (l’artiste de la famille) n’a aucun appétit… Dans cette ambiance morbide, le petit Alan semble avoir été adopté. Il respire le bonheur et fait tout pour faire capoter l’entreprise. Il remplace les bonbons empoisonnés par des sucreries normales et surtout, il dit « au revoir » au lieu du « adieu » classique du commerce !
Tout l’ouvrage est donc basé sur cette opposition dépression/joie. Le tout est rendu essentiellement par la couleur. D’un côté, tout est grisâtre. De l’autre, Alan a les cheveux roux et apporte de la couleur vive bienvenue. Je trouve cependant que l’évolution manque un peu de subtilité. Au final, la boutique change complètement de but sans vraiment que l’on comprenne pourquoi. Le basculement est un peu brusque et manque de raison réelle à tout ça.
De même, je me suis peu attaché aux personnages. Là, je pense que le dessin est un peu responsable. Je n’ai pas vraiment été séduit par le trait. Mais c’est au niveau des personnages qu’il m’a manqué quelque chose. J’aurais pensé à plus d’originalité. Finalement, les Tuvache sont très banaux. Et vu le thème traité, leur profession, un peu de folie aurait été la bienvenue.
Il y a clairement des efforts d’originalité dans cette bande-dessinée et de bonnes idées (comme ces pages dessinées par Alan) mais la mayonnaise ne prend pas. Je me demande si ce n’est pas le nombre de pages qui a empêché les auteurs de mieux développer le tout ? Car au final, on a l’impression d’une bonne idée mal exploitée. Une fois les blagues faites sur « le suicide par sabre c’est bien mais c’est salissant », on a l’impression que le tout tourne en rond.
Au final, je ne sais pas trop quoi penser de cet ouvrage. Le fait de connaître un peu l’histoire m’a permis d’y entrer sans peine. Cependant, je suis resté spectateur face aux évènements et à aucun moment je ne me suis senti impliqué. Dommage.