Undertaker nous est présentée comme la relève du western classique à la "Blueberry" ( D'ailleurs , Dargaud ne s'y trompe pas en accolant sur les albums un macaron nous rappelant la paternité )

Graphiquement, la promesse est largement tenue.
J'ai eu la chance de me prendre une baffe en admirant quelques planches en avance et il faut bien l'avouer : le dessin, la mise en scène, les couleurs, tout est monumental dans cet album.
Il faut dire que ça fait un bon moment que Ralph Meyer nous éclabousse de son talent ( Le "Asgard" de la même équipe était déjà impeccable ).
En allant plus loin, on pourrait presque se dire que si y en a bien un qui pourrait reprendre le flambeau , ça serait bien lui.
Il le reprend tellement bien qu'on retrouve dans cet album, tous les codes graphiques d'un Blueberry que ça soit dans les visages ou le traitement des décors, tout est fait pour nous rappeler les ambiances de Jean Giraud (qui lui même été influencé par Jijé : un passage de relaie continuel).
Il faudrait vraiment chipoter pour avoir quelque chose à redire sur les dessins mais il faut croire que je suis un chipoteur et je dois avouer que ce côté "hommage constant" m'a un peu frustré ( sans doute parce que je ne suis pas un adorateur de Blueberry à la base ).
Cependant, je trouve toujours dommage qu'un auteur talentueux se retrouve embarqué dans le piège de l'imitation respectueuse, certes talentueuse mais imitation quand même. ( J'ai un avis assez similaire sur le Spirou de Yoann )
Attention, ne faites pas dire ce que je n'ai pas écrit ; le dessin est hallucinant de maîtrise mais sur ce genre de projet, il perd un peur de personnalité.

Là où c'est plus étonnant, c'est que Dorison tombe dans le même piège.
Jonas est un fossoyeur qui se décrit comme étant aimé par personne mais ça l'arrange car il n'aime personne lui-même.
Enfin, c'est ce qu'on aimerait nous faire croire.
Cynique, ses actions se retrouvent en totale contradiction avec son soit-disant caractère et le rendent au final assez plat voire terne.
Peut être, ai je trop lu d'Ennis ou d'Ellis dernièrement mais pour moi, ce Jonas est tout sauf cynique.
Il aide les gens, se montre capable de compassion et épargne même un vautour qui deviendra son compagnon de voyage ...
Alors bien sûr, on me retorquera qu'il a une partie sombre mais ça dénote surtout de l’énorme classicisme de l'ensemble bien loin de ce que nous avait proposé des années avant Dorison avec sa série "West" ( en collaboration avec Fabien Nury )

On peut imaginer que c'était le but de l'opération, faire un immense hommage au genre du Western et à un de ses auteurs phares et de ce point de vue, on ne peut pas nier une certaine réussite.
Mais pour un lecteur qui en voudrait un peu plus, il risque de rester sur sa faim surtout que quand on y réfléchit le coup de la relève de Blueberry, on nous l'avait fait avant avec le non moins célèbre "Bouncer"de Boucq et Jodorowski.
Comme quoi, la Bd , c'est aussi une histoire de cycle.
Stephane_Hob_Ga
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le 6 févr. 2015

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