Bell de nuit, une pointe d'amour et de folie
L'époque anglaise victorieuse (donc victorienne) mais dans sa rencontre des sombres faubourgs londoniens et du monde occulte permet des merveilles comme une rencontre particulière offerte par Sfar : un égo imposant mais le flegme britannique, drogué par inoccupation et machiavélique par déformation professionnelle, préparez vous à rencontrer le professeur Bell, médecin de la reine et plus grand spécialiste en monstre d'Angleterre.
Extravagant, cynique, noir, une touche de romantisme, presque suicidaire en tout cas un peu torturé, on nous offre un ton caustique, de l'action et un fantôme qui préfère se faire passer pour un rideau tandis que sa maîtresse rêve de baisers vampiriques.
Ainsi on revisite rapidement bien des classiques avec une histoire de parasite sur un mexicain parvenu, une deuxième tête qui, comme souvent avec ce genre d'improbables faux cadeaux, exauce les voeux de travers et répand le malheur du barbe bleu moderne, le refus de Bell d'ôter la tête lance définitivement celui-ci dans une noirceur plus ou moins épaisse et factice : le personnage est lancé !
Le dessin est au rendez-vous (comme toujours avec Sfar) même si tout le monde n'adhère pas, le scénario est classique, premier tome introductif de la série des Bell il permet une première aventure posant nos personnages (Bell, Humpty le policier, Elliphas) et donnant le ton, classique mais avec une atmosphère bien posée, un personnage principal bien charismatique !
Bien qu'on n'échappe pas à quelques poncifs sfariens (je pense à la fin de l'album), le tout est fait avec talent, il manque peut-être un petit quelque chose dans le développement, dans le scénario, un grain de folie ou de poésie, on pardonnera aisément en pensant aux albums qui suivent et en considérant que ce premier est un plaisir simple et nécessaire !
Tome 2 : http://www.senscritique.com/bd/Les_Poupees_de_Jerusalem_Professeur_Bell_tome_2/critique/12828013