Milo Manara est considéré comme le grand maître de la bande-dessinée érotique. Parmi ses plus grands succès, « Le parfum de l’invisible » tient le haut du pavé. Paru en 1986, le premier tom est resté dans les mémoires. Près de 10 ans plus tard, l’Italien avait accouché d’une suite. Sans surprise, une intégrale avait paru en 2004 aux éditions de l’écho des savanes. Et c’est chez Drugstore qu’est sorti cette nouvelle intégrale. Si le livre en lui-même est de très belle qualité, il est dommage que la couverture ne reflète pas du tout l’histoire comme pouvaient le faire les précédentes. Mais ne nous attardons pas là-dessus et voyons ce que Milo Manara nous propose. Cette intégrale propose en revanche le dessin original de l’auteur, c’est-à-dire en noir et blanc (une intégrale couleur est également parue dans le passé).
Une jeune femme petitement vêtue rentre dans sa chambre d’hôtel. Elle y voit un tronc d’homme lui faire face. En effet, ce dernier, un scientifique, a inventé une pommade qui permet de se rendre invisible. Il espère ainsi pouvoir observer Béatrice, véritable star people. Mais l’homme est vierge et il va découvrir avec la belle blonde les plaisirs du sexe et du voyeurisme.
Voilà un fantasme très commun dont s’empare Milo Manara : observer les femmes en étant invisible. Mais là où cela prend tout son sens, c’est qu’il le dessine ! Il en ressort donc des scènes mémorables où notre héroïne accompli des actes sexuels sans que l’on voit son partenaire… L’auteur italien montre ainsi tout son talent à dessiner de choses qui sont, en soit, complètement impossible…
Mais Manara n’est vraiment à son meilleur niveau que lorsqu’il ajoute de l’humour à ses planches et qu’il ne se prend pas au sérieux. Ainsi, la pommade sent le caramel (d’où le titre de l’ouvrage). De nombreuses remarques sont disséminés un peu partout qui font sourire en permanence le lecteur. Ce mélange d’érotisme et de légèreté est particulièrement réussi.
Le deuxième opus du « Parfum de l’invisible » est plus anecdotique. La surprise en moins, Milo Manara écrit une histoire où la pommade de l’invisibilité devient source de manigance terroriste. C’est toujours aussi plaisant à lire, mais on n’est pas au niveau de l’ingéniosité du premier tome.
Concernant le dessin, c’est toujours magistral. Il faut aimer le trait de Milo Manara bien évidemment, mais ses planches où il gère l’invisibilité sont assez incroyables. Le noir et blanc se suffit à lui-même et les femmes sont toujours belles et les hommes laids.
Au final, « Le parfum de l’invisible » est l’un des meilleurs livres de Manara et l’on comprend qu’il ait marqué le genre. Inventif, plein de péripéties et d’humour, il en met plein les yeux !