L'uchronie en BD forme longue, ça fonctionne (critique des tomes 29, 30 et 31)

Ces derniers temps, la série de bande dessinée uchronique Jour J a décidé de jouer la carte des épisodes. Après le triptyque Omega, cette nouvelle série, également en trois parties, s'intitule Le Prince des Ténèbres. Son premier tome annonce la couleur: les fêtes de la nouvelle année 2005 à New York avec, bien visibles, les tours jumelles du World Trade Center.


Vous l'aurez compris, toute l'uchronie tourne autour du 11 septembre et, plus précisément, autour d'un personnage qui a réellement existé, John Patrick O'Neill, le "Prince des Ténèbres" éponyme. Agent du FBI, il a été un des premiers à alerter les services américains sur Oussama Ben Laden et Al-Qaïda. Et, ironiquement, il est mort dans l'effondrement du World Trade Center.


Dans cette histoire, O'Neill, assisté de deux collègues du FBI et d'un ex-agent de la CIA un tantinet cinglé et obsédé par Ben Laden (Bob Baer, également historique, même si aujourd'hui il anime des documentaires télé à l'historicité douteuse), vont tenter de remonter la piste et d'empêcher les attentats du 11 septembre. Spoiler: ils vont y arriver. Plus ou moins.


Le troisième tome apporte une conclusion amusante, en imaginant un Printemps Arabe en avance et qui bouleverse le Moyen-Orient. Les scénaristes – les inévitables Jean-Pierre Pécau et Fred Duval – posent un décor qui mélange les anciennes magouilles et les nouvelles alliances.


Je dois avouer avoir bien aimé cette histoire: c'est une traque prenante et avec des rencontres rocambolesques, des magouilles politiques. Après, je pourrais pinailler un peu sur certaines idées fixes du duo – comme leur fascination pour les opérations noires et les services secrets très secrets. Cela dit, c'est dans le ton de l'histoire. Et de l'Histoire.


Je suis moins fan du dessin d'Igor Kordey. Ce n'est pas la première fois que je le dis, mais je dois également avouer que, dans ce triptyque, il y a de belles choses. En fait, c'est très inégal, avec notamment des visages un peu trop grotesques à mon goût, mais des décors et de la mécanique plutôt réussis.


Alors j'imagine que les vrais experts de l'époque et de la région vont doucement ricaner. Je pense aussi que la révélation du "grand méchant" final est un peu too much. Cela dit, ça se lit comme un vrai thriller, c'est rythmé et plutôt bien pensé. Du coup, cette série Le Prince des Ténèbres est un Jour J plutôt réussi.


La forme longue, pour l'uchronie, c'est une bonne idée.


*Article précédemment publié sur https://alias.erdorin.org *

SGallay
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le 15 mars 2018

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