Le Réducteur de vitesse par belzaran
Etant un grand admirateur de l’œuvre de Christophe Blain, je me suis penché sur une œuvre de « jeunesse », « Le réducteur de vitesse », parue en 1999. Cet ouvrage est le résultat d’une expérience vécue par l’auteur : il fut engagé dans la marine et devait à l’origine faire l’objet de carnet de croquis. Blain nous pond donc un scénario inspiré de la vie sur les navires militaires.
Georges est un jeune engagé qui se retrouve avec une affectation sur le Belliqueux, le plus gros cuirassé de la flotte. On le prévient que ce bâtiment est tellement impossible à gérer qu’il ne risque pas de prendre la mer. Hélas, c’est ce qui arrive pourtant. Georges est alors affreusement malade en mer et ne voit aucune porte de sortie. Louis, autre timonier, est dans le même cas. Nordiz va alors leur proposer de descendre dans les entrailles du navire, là où le tangage est moins fort. C’est alors une descente aux Enfers qui s’amorce…
Curieux ouvrage que celui-ci. Commençant de façon classique et presque documentaire (on découvre un jeune engagé découvrant la vie au sein d’un cuirassé), elle prend alors un tournant tragique, presque subitement. L’histoire devient à la fois dure et touchante, implacable et empreinte d’humanité. C’est l’histoire de trois hommes qui sont broyés par la machine, celle-ci étant autant le navire et que l’organisation militaire.
Comme dans beaucoup de ses ouvrages, Christophe Blain ne juge pas ses personnages, les rendant profondément humains. Nul n’est bon ou mauvais, chacun essaie de survivre avec ses angoisses et ses problèmes.
« Le réducteur de vitesse » ressemble à un prélude à « Isaac le pirate ». Des thèmes sont récurrents et l’ambiance en elle-même nous y fait penser. Et que penser du personnage qui dit vouloir être peintre de marine ? Sans avoir le charme de la série qui lui succèdera, « Le réducteur de vitesse » aborde aussi la thématique de la machine, trop grande pour de simples hommes. En cela, l’ouvrage possède sa propre ambiance, plus froide et glaçante.
Le dessin de Christophe Blain est ici moins virevoltant que ses dernières productions, mais il est déjà marquant. Si le début de l’histoire possède un trait plus sage, une fois dans les entrailles de la bête, Blain laisse exploser son trait vif, peignant des atmosphères angoissantes avec maestria.
Démarrant un peu timidement, « Le réducteur de vitesse » explose au fil de l’histoire, tenant le lecteur en haleine devant les péripéties que rencontrent les trois hommes. Un bel ouvrage.