Y a du poulpe au dîner ce soir ?
Quand j'ai découvert, pour la première fois, l'univers de Tony Sandoval avec "Le cadavre et le sofa" , je suis littéralement tombé sous son charme.
Sombre,désenchanté , il dépeignait les amours adolescents (toujours associés à la mort) d'une façon unique et nouvelle.
Cette approche, avec des touches lovecraftiennes, pouvait désarçonnée mais en tout cas elle ne laissait pas indifférent.
Cependant, si son premier récit était solide, les suivants s'avéraient un peu plus bancals et reposaient un peu trop sur son ton si particulier.
Il a fallu attendre 2011 et son "Doomboy" ( et dans une moindre mesure avec "les bêtises de Xinophixerox" - hommage saisissant à Lovecraft ) pour sentir une réelle progression dans la gestion de ses intrigues.
Il avait indéniablement passer un cap , il ne lui restait plus qu'à confirmer cette impression.
3 ans plus tard, il est de retour avec "Le serpent d'eau" et il démontre avec ce récit fantastique mixant romantisme , fantôme et une pointe de fantasy qu'il est sans doute le meilleur dans sa partie ( avec certains de la collection Métamorphose peut être)
Si, il peut paraître toujours difficile de rentrer dans le trip de l'auteur, Les serpent d'eau s'avère étonnement abordable (surtout en comparaison de ses autres œuvres) et offre du coup, un belle porte d'entrée vers son travail.
Alors bien sûr, on y retrouve nombreuses de ses obsessions ( le mal intérieur, le mal être adolescent, le monde des rêves qui percutent celui de la réalité) intégrées à une histoire passionnante.
Graphiquement, c'est sublime.
Beaucoup plus stables que sur ces précédentes Bd, Il se permet même de tenter de belles choses comme cette scène de la "mort de l'été" que n'aurait pas renié Miyasaki.
La palette de couleurs est hypnotique et si on échappe pas vraiment à une ou deux scènes un peu plus fouillies (surtout les scènes d'actions de la fin), la plupart des planches se lisent avec une facilité déconcertante.
un peu trop facilement d'ailleurs.
Tony Sandoval est un auteur unique et qu'il faut absolument découvrir au moins pour son univers peuplé de fantôme, de poulpe ou autres étranges créatures.
Son travail se démarque largement du reste de la production et il offre depuis maintenant quelques années, des récits fantastique sombres, cynique et en même temps emprunt d'une poésie mélancolique qui ne laissera personne indifférent.
Ouvrir une Bd de Sandoval, c'est entrer dans un monde à part.
Et une fois qu'on franchit le pas, le voyage promet d'être fascinant voire hypnotisant.